Lorsque l’on observe les principales complications de la consommation excessive d’alcool (consommation chronique), le foie est l’organe qui est parmi les plus touchés. La maladie alcoolique du foie représente l’une des 1e cause de mortalité liée à l’alcool. Il semble donc intéressant de s’en préoccuper, d’autant plus que, même si tous les principaux termes se rapportant à la maladie alcoolique du foie sont connus, leur signification l’est moins.
Le premier point important est que la maladie alcoolique du foie correspond à un continuum de pathologies du foie, avec un spectre très large, allant globalement du moins grave au plus grave. Nous verrons aujourd’hui les principales étapes de l’évolution de la maladie alcoolique du foie afin de poser « le décors ».
La maladie alcoolique du foie commence de la stéatose pour évoluer jusqu’au carcinome hépatocellulaire qui est le cancer primitif du foie. Pour information, le cancer secondaire du foie correspond à la présence de métastases. Le schéma emprunté à une publication scientifique montre l’évolution progressive entre un foie normal et la survenue d’un cancer primitif du foie sur cirrhose.
LA STEATOSE correspond à l’accumulation de vacuoles de graisse dans les cellules hépatique : c’est le « foie gras ». Pour faire du foie gras d’oie ou de canard, les éleveurs créent cette pathologie par gavage. En effet, un déséquilibre alimentaire peut amener à des lésions qui sont comparables à celles provoquées par l’alcool.
Cette stéatose est très fréquente chez les gros consommateurs d’alcool, et est quasi constante lorsqu’il existe des perturbations du bilan hépatique (transaminases et/ou gGT augmentées). Il s’agit d’une maladie asymptomatique et donc, le plus souvent, inconnu du patient.
Votre médecin peut toutefois être alerté par la taille augmentée du foie qui est constante, des anomalies biologiques ou les résultats d’une échographie du foie. Ce dernier examen qui est très simple à réaliser permettre d’affirmer le diagnostic devant des signes typiques : le foie est décrit comme « brillant » ou « hyperéchogène » (ce qui veut dire la même chose mais dans une qualification « échographique »).
Bonne nouvelle : c’est une pathologie réversible, c’est-à-dire que le foie va retrouver son aspect normal en cas d’arrêt d’alcool, dans la mesure bien sûr ou cette stéatose est uniquement liée à l’alcool.
Du coup, la stéatose a longtemps été considérée comme un problème bénin et, encore maintenant, certains radiologues ayant diagnostiqué une stéatose disent aux patients : « l’examen est normal ». Or, ainsi que le montre la figure, la stéatose peut évoluer vers une forme plus grave. On considère qu’au bout de 10 ans, 10 % des stéatoses deviennent des cirrhoses.
La STÉATOHÉPATITE correspond à une sorte d’hépatite aigüe liée à l’alcool ; Il s’agit d’une maladie potentiellement très grave, qui justifiera un article dans le blog rien que pour elle.
LA FIBROSE correspond à une évolution de la maladie alcoolique du foie. La fibrose est un tissu cicatriciel qui est semblable à celui qui apparaît sur la peau après une coupure profonde. C’est un tissu de réparation survenant après une agression, mais qui n’a pas de fonction biologique. Cela signifie que dans le foie, de l’espace est occupé par du tissu qui ne sert à rien, contrairement aux cellules du foie qui ont de nombreuses fonctions : digestion, épuration de toxiques, fabrication de protéines, production d’énergie, etc…
Si la fibrose progresse, elle va progressivement prendre une forme annulaire et former de petits nodules de quelques millimètres de diamètres. La présence de ces petits nodules permet de caractériser la cirrhose.
LA CIRRHOSE est une maladie qui peut rester asymptomatique pendant plusieurs années, ce qui peut être la cause de retard diagnostique. Comme on le voit aisément sur la figure, l’architecture du foie est très perturbée et on comprend aisément que la cirrhose soit une maladie qui va spontanément vers l’aggravation.
Schématiquement, dans les cirrhoses peu sévères, le foie a une taille normale voire est augmenté de volume. Plus la taille du foie va diminuer et plus la cirrhose va devenir sévère. Cela s’explique aisément par le fait qu’il y alors moins de tissu fonctionnel et donc que le foie a de plus en plus de mal à assurer ses fonctions. Cela peut conduire à une insuffisance hépatique. Les fonctions hépatiques sont alors ralenties, ce qui se traduit par des troubles du métabolisme des protéines, des glucides et des lipides.
Comme le foie est un organe régulateur de nombreuses fonctions corporelles, avec un foie qui travaille moins bien on peut avoir, entre autres : des troubles cardio-circulatoire, des troubles respiratoires, des troubles neurologiques, une fonction rénale moins efficace.
Dans certains cas, le traitement de choix est la transplantation hépatique qui permet au receveur de récupérer une fonction hépatique normale.
Enfin, le dernier stade de la maladie alcoolique du foie correspond à l’apparition d’un cancer « primitif » du foie qui survient le plus souvent dans un foie cirrhotique. C’est l’une des raisons pour lesquelles il est indispensable d’avoir un suivi régulier, semestriel, avec un hépatologue lorsque l’on a une cirrhose. Cela est vrai, même si on est en pleine forme et sans aucun symptôme.
Voici un résumé sur le spectre de la maladie alcoolique du foie. Cela correspond à des pathologies variées sur lesquelles nous reviendrons. En effet, il existe des facteurs de risques que nous pouvons contrôler, notamment notre consommation d’alcool. Un message positif :
L’ARRET DE L’ALCOOL, QUEL QUE SOIT LE STADE DE LA MALADIE ALCOOLIQUE DU FOIE, Y COMPRIS EN CAS DE NODULE TUMORAL, EST TOUJOURS RENTABLE.
De plus, tant que le stade de cirrhose n’est pas atteint, l’arrêt de l’alcool peut permettre une guérison TOTALE des lésions hépatiques.
Une réponse sur « MALADIE ALCOOLIQUE DU FOIE : CE QU’IL FAUT SAVOIR »
Exellent sujet qui devrait en éclairer beaucoup 🙏
J’aimeJ’aime