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CRAVING

Un lecteur du blog souhaitait que nous parlions de craving. Il s’agit d’un terme qui a acquis une forte audience depuis quelques années. 

CONCEPT COMPLEXE

Pour autant, le craving est un concept complexe qui ne fait pas consensus auprès des spécialistes. Il existe plusieurs théories essayant d’expliquer le craving et plusieurs définitions selon le modèle théorique retenu. Malgré cela, tout le monde est d’accord pour affirmer que le craving est fondamental car au cœur de l’addiction.

Pour avancer, essayer de définir ce que peut être le craving. Le mot anglais crave pourrait se traduire par « avoir un besoin maladif » (Dictionnaire Robert et Collins), ce qui donne déjà une première idée.

Un épisode de craving correspond à ressentir une forte envie, un besoin violent difficilement voire non contrôlable. Le craving fait volontiers suite à une stimulation évoquant la consommation, qu’elle soit visuelle, olfactive ou environnementale. Par exemple, voir un acteur consommer dans un feuilleton policier (et ils le font vraiment trop souvent !) peut générer une envie très violente d’alcool. Voir ses collègues fumer une cigarette pendant la pause alors qu’on essaie d’arrêter de fumer provoque aussi volontiers une envie très violente de re-consommer. Beaucoup de personnes ont vécues ce type d’épisode, en sachant bien sûr qu’il s’agit d’une expérience intime et qu’il y a donc des nuances inter-individuelles.

Mais le craving a aussi une caractéristique très importante, c’est qu’il peut survenir n’importe quand, à distance de toute consommation et sans aucune cause favorisante visible. Cette imprévisibilité est souvent très déstabilisante pour les patients qui souffrent de cette envie violente, parfois douloureuse, sans l’avoir « méritée » et en dehors de toute logique.

La question la plus importante est en fait : comment les consommateurs peuvent utiliser ce concept de craving pour avancer ?

Premièrement, le craving est lié à la dépendance. Même s’il ne faut jamais dire dire « jamais » en médecine, on peut considérer que si on ressent du craving (cette envie violente, ce besoin irrépressible, survenant volontiers en dehors de tout contexte), cela veut dire que l’on est dépendant. A partir de là, il faut se mobiliser contre sa maladie en utilisant toutes les ressources disponibles (intervenants spécialisés, associations…). Le craving peut être vu de façon positive comme un signal d’alerte qui doit permettre de se mobiliser de façon précoce contre sa maladie.

Deuxièmement, en plus de cet apport diagnostic, le craving peut être un indicateur d’évolution de sa maladie alcoolique. L’augmentation du craving signant son aggravation, la diminution de celui-ci indiquant une amélioration. 

Par exemple, on peut ressentir moins d’épisodes d’envies violentes dans la journée, ou ces épisodes peuvent durer moins longtemps. Ce sont là des éléments importants soulignant une évolution dans la bonne direction.