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La confiance en soi

Les questions que l’on se pose face aux addictions sont souvent les mêmes que face à d’autres difficultés dans la vie, notamment : 

  1. Pourquoi ai-je ce problème ?
  2. Pourquoi je n’y arrive pas à m’en sortir ?
  3. Pourquoi les autres y parviennent mieux que moi ?
  4. Comment pourrais-je faire pour le résoudre ?

1°) Pourquoi ai-je ce problème ?

Concernant la première question, il n’y a parfois pas de réponse unique. Nous avons déjà parlé de l’impact de la génétique et de l’environnement. Mais il existe d’autres facteurs favorisants la survenue d’une dépendance : l’âge de début de la prise de produits ; certains traits de personnalité ; l’existence de troubles psychiatriques associés (par exemple l’anxiété, la dépression) ; les épreuves que nous vivons et bien d’autres facteurs individuels.

Ces facteurs concourent au développement de certains réseaux qui fonctionnent « trop bien » dans notre cerveau, c’est-à-dire qui réagissent de façon trop importante à différents produits, dont l’alcool.

2°) Pourquoi je n’y arrive pas à m’en sortir ?

La deuxième question devrait être formulée d’une autre façon. Elle devrait plutôt être : pourquoi je ne suis pas parvenu à m’en sortir « JUSQU’ICI». Ce n’est pas la même chose. En effet, ce qui est dit ici, c’est comment puis-je trouver des moyens, des techniques qui me permettent de m’en sortir, alors que la première version signifie : pourquoi suis-je condamné à ne pas m’en sortir. C’est totalement différent

Bien sûr, il faut du temps, parfois des années pour arrêter un produit ou pour réussir à en réguler la consommation. C’est pourquoi le fait de ne pas y être parvenu jusqu’ à présent ne signifie que cela est impossible, simplement que ça n’a pas encore été réalisé.

Il est indispensable de conserver l’espoir et l’envie d’y parvenir. Ce n’est bien souvent qu’une affaire de temps. Il faut un moment propice (qui se traduit parfois par un déclic) et les outils adaptés (soignants, groupes de pairs, blogs, etc…).

3°) À la question « pourquoi les autres y arrivent mieux que moi ? », la réponse est claire. Ils ont autant de difficultés. Chacun fait face comme il peut. Et celui qui semble y parvenir assez facilement en est peut-être à plusieurs années d’effort. Par ailleurs, vous pouvez rencontrer quelqu’un qui a réussi à stopper l’alcool assez facilement, mais qui ne parvient pas à arrêter de fumer alors qu’il souffre déjà de troubles respiratoires. Ne soyons donc pas toujours convaincu que les autres y arrivent mieux que nous, la plupart du temps, c’est faux.

4°) Comment pourrais-je faire pour le résoudre ?

La question la plus importante est plutôt : « comment puis-je faire pour avancer ». Il s’agit d’une question centrale qui a été largement étudiée par plusieurs équipes et la réponse la plus fréquemment rapportée est la suivante : il faut avoir confiance en soi. C’est généralement ce qui fait la différence entre ceux qui obtiennent des bons résultats et les autres.

LA CONFIANCE EN SOI EST ESSENTIELLE :

Pour se lancer. Commencer une démarche addictologique paraît souvent très dur : c’est faire face à une montagne qui semble vraiment difficile à gravir. Il est indispensable d’avoir confiance en soi pour oser commencer. On voit là une différence générale entre un esprit français et un esprit américain. Ces derniers se disent : si d’autres l’ont fait, je vais y arriver. Notre tendance habituelle est plutôt de douter de nous. Pour se lancer, pensons au fameux « yes, we can ! ».

Lorsque la décision d’avancer a été prise, il y a encore de nombreuses difficultés à vaincre. C’est dur d’arrêter l’alcool, il y a des envies, des moments de doute. Si on repense à la montagne, on est tenté de se demander si on n’en a pas choisi une bien trop haute ou difficile. Les questions qu’il faut se poser alors sont les suivantes : Ai-je déjà réussi des choses difficiles ? Combien de fois me suis-je trouvé devant des difficultés que j’ai réussi à vaincre ? 

Il vous faut chercher dans vos souvenirs d’études, de pratiques sportives, de travail. Avec le recul, cela paraît souvent assez simple, mais sur le moment, c’était très compliqué et cela vous paraissait insurmontable. Apprendre le code et passer le permis de conduire. Tout le monde dira que c’est assez simple, mais quand on y était, cela nous paraissait vraiment très compliqué. 

Nous avons tous des exemples de ce type en tête et il faut se les remémorer et se souvenir des efforts que nous avons su faire alors. On s’est dit : c’est vraiment dur, mais je vais y arriver car les autres l’ont déjà fait.

C’est en regardant ce qu’on a réussi que l’on arrive à augmenter sa confiance en soi.

La rechute. Une troisième situation qui se présente régulièrement est une rechute, ou du moins un dérapage. Beaucoup de patients sont désespérés par ces épisodes et se disent : je suis condamné à ne pas réussir. 

Mais avez-vous toujours tout réussi au premier essai ? Ce serait étonnant. Nous avançons tous en tâtonnant, en multipliant les réussites et les échecs.

Un basketteur a livré un jour ses statistiques. Il les a résumées de la façon suivante : « j’ai raté 9000 tirs dans ma carrière, j’ai perdu presque 300 matchs. 26 fois on m’a fait confiance pour prendre le tir la victoire et j’ai raté ».

Vu sous cet angle, cela ne semble pas très bon. En fait, il s’agit de Mickael Jordan, un des plus grands basketteurs de l’histoire. Il concluait ainsi : « j’ai échoué encore et encore et encore dans ma vie. Et c’est pourquoi j’ai réussi ».

Inutile de parler après Mickael Jordan !!

Pour résumer sous la forme d’un petit tableau :

Pour se lancerJe suis capable de le faire
Pour tenir quand c’est difficileJ’ai déjà réussi des choses aussi difficiles
Pour continuer lorsqu’il y a un dérapage ou une rechuteJe n’ai pas toujours réussi du premier coup, mais je suis capable de rebondir
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Gagnez en confiance : développez votre sentiment d’efficacité personnelle

Nous avons vu dans un texte précédent qu’un sentiment d’efficacité personnelle affirmé est un élément essentiel pour permettre aux personnes d’atteindre leurs objectifs, dans la vie en général et aussi en ce qui concerne la gestion de la consommation d’alcool. 

L’amélioration de son sentiment d’efficacité personnelle est donc importante, non seulement pour sa qualité de vie, mais aussi pour mieux se battre contre ses consommations inadaptées. 

Les questions que nous nous posons alors immédiatement sont : peut-on améliorer notre sentiment d’efficacité personnelle, et oui comment faire ? En fait, ces points sont étudiés depuis les années 80 et il existe beaucoup de données intéressantes. 

Ainsi, il existe 4 principales manières d’améliorer son sentiment d’efficacité personnelle, en travaillant sur :

  1. L’expérience active de maîtrise
  2. L’expérience indirecte
  3. La persuasion verbale
  4. Les états émotionnels

1. L’expérience active de maîtrise

Cela signifie tout simplement que plus on vit un succès en expérimentant un comportement donné et plus on peut croire dans sa capacité à avoir de nouveaux succès. Imaginons que vous décidiez de pratiquer le jogging sans avoir jamais couru pendant votre âge adulte. Au début, vous aurez probablement des doutes sur votre capacité à courir 5 kilomètres en une séance. Effectivement après 1 seul kilomètre, vos jambes seront lourdes et vous serez essoufflés. Mais après quelques semaines, vous courrez probablement 3 à 4 kilomètres sans grosses difficultés. Vous vous sentirez tout à fait confiant dans votre capacité à courir 5 kilomètres, et pourquoi pas 10!  

Pour augmenter son sentiment d’efficacité personnelle, il faut donc se remémorer tout ce que l’on a fait de difficile, tout ce qui nous paraissait inatteignable et que l’on a pourtant atteint. Ce peut être dans le domaine des études, de l’activité physique, professionnelle, des loisirs, de la vie affective, etc… 

Réfléchissez à tout ce que vous avez réussi et vous verrez rapidement que vous avez beaucoup de compétences, et très probablement beaucoup plus que ce que vous pensiez.

Il est très important aussi de comprendre que nos compétences peuvent s’exercer dans différents domaines. Il n’y a pas de domaines « nobles » et d’autres domaines qui seraient de « seconde zone ». Pas besoin d’avoir fait polytechnique pour se sentir plein de ressources. Si vous êtes champion de pétanque, pâtissier amateur, un bon professionnel dans votre activité, etc… cela prouve que vous avez des ressources personnelles et que vous êtes capable de faire des efforts importants pour obtenir des résultats. Vous méritez donc de ressentir de la confiance en vous.

2. L’expérience indirecte est aussi un élément important

Il s’agit ici d’observer ce que sont capables de faire les autres. On voit au quotidien des gens qui ne sont pas différents de nous et qui réalisent des choses compliquées. Arrêter de fumer, par exemple, ce n’est pas vraiment simple, même s’il existe des traitements qui peuvent apporter une grande aide. 

Si d’autres y arrivent, pourquoi ne serions-nous pas capables de le faire ? Bien souvent des personnes qui manquent d’assurance sont au moins aussi capable, si ce n’est plus, de réussir que les autres. 

Ainsi, il est intéressant de regarder autour de soi ce que les autres réalisent. Non pas pour les jalouser bien sûr, mais pour avoir une meilleure idée sur ce que nous sommes capables nous-même de réaliser. Cela peut permettre d’augmenter le sentiment d’efficacité personnelle.    

3. La persuasion verbale peut aussi vous aider

Ces termes de persuasion verbale signifient que nous devons entendre ce qui est dit de positif sur nous et l’utiliser pour nous sentir plus fort. 

Les différentes suggestions, conseils, compliments qui nous sont prodigués sont généralement sincères. Nous devrions y prêter plus d’attention et comprendre que si les gens voient en nous des qualités, c’est que très probablement nous les possédons. 

Le plus souvent nous avons du mal à y croire, voire même nous n’attachons aucun intérêt à ce qui a été dit parce que « ça semblait exagéré » ou « cela ne nous correspondait pas ». 

Si c’est le cas pour vous, imaginez la situation inverse. Vous faites un compliment sincère à quelqu’un à qui vous trouvez certaines qualités et cette personne refuse votre compliment et n’arrive pas à croire que vous lui dites. Vous pensez que c’est dommage parce qu’elle plus de qualités et de compétences que ce qu’elle admet. Et malheureusement, le fait qu’elle se sous-estime l’empêche parfois d’avancer. 

Voilà ce que vous devez éviter pour vous-même : si on vous fait des compliments, c’est que vous vous les méritez. Accepter les messages positifs que l’on vous délivre est aussi un bon moyen d’augmente votre sentiment d’efficacité personnelle. 

  1. États physiologiques et émotionnels 

Bien sûr, notre sentiment d’efficacité personnelle est modulé par notre état émotionnel. Si on travers une période d’anxiété par exemple, il est difficile d’avoir confiance en soi. De même, quand si on est déprimé, le sentiment d’efficacité personnelle a tendance à chuter. 

Cela implique qu’il ne faut pas hésiter à demander de l’aide quand on souffre d’un mauvais état émotionnel. En l’améliorant son moral, on améliore son sentiment d’efficacité personnelle et du coup, on augmente sa capacité à mieux gérer sa consommation d’alcool. 

Voici quelques pistes à suivre pour se sentir plus sûr de soi. Même si cela n’est forcément évident, il faut travailler les différents points évoqués. En particulier, ayez une meilleur conscience de votre valeur et tenez compte des compliments que l’on vous fait.