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LE MOIS SANS TABAC SE TERMINE, MAIS LE COMBAT CONTINUE !

Le mois sans tabac nous rappelle, si nous en avions besoin, que le tabac est très toxique pour la santé. Pour de nombreuses personnes, le mois sans tabac a été le déclencheur d’une démarche d’abstinence ou de réduction de consommation. Pour d’autres, cela a permis de réfléchir, mais pas encore de prendre la décision de se lancer. 

Voici quelques arguments supplémentaires pour vous aider à vous lancer dans la lutte contre votre tabagisme.

1°) LE TABAGISME EST TRÈS TOXIQUE SURTOUT EN CAS D’ASSOCIATION À L’ALCOOL

Le tabac est la première cause de mortalité évitable ; il s’agit donc d’un produit réellement très toxique. Mais, il faut aussi savoir que sa toxicité se potentialise avec celle de l’alcool. En d’autres termes, l’addition de ces deux produits (tabac + alcool) se traduit par une multiplication des risques (risque tabac X risque alcool). 

Cette potentialisation est démontrée pour de nombreuses complications : par exemple les maladies cardio-vasculaires (angine de poitrine, infarctus du myocarde), des maladies neurologiques (les accidents vasculaires cérébraux notamment), le risque de fibrose et de cirrhose du foie, et bien sûr pour de nombreux cancers. 

Comme exemple, et parce que ce chiffre est très spectaculaire, nous citerons l’augmentation du risque d’avoir certains cancers de la gorge en cas de consommation importante d’alcool et de tabac : ce risque peut être 150 fois plus important que celui des non-consommateurs. Cet impressionnant résultat nous permet d’introduire un autre élément important.

2°) LA TOXICICTÉ EST DOSE-DÉPENDANTE.

Cela est vrai pour les maladies cardiaques et neurologiques. De même, le risque de développer ou d’aggraver une bronchite chronique ainsi que pour le risque de faire des infections pulmonaires augmente avec les quantités fumées.

Cela signifie aussi qu’à chaque diminution de consommation tabagique, il y a un bénéfice attendu sur un problème de santé éventuellement connu, mais aussi sur tous les autres, même ceux qui ne sont pas encore déclarés.

Donc plus on fume plus on a de risque ; moins on fume et moins on a de risques.

3°) LA RÉDUCTION DE CONSOMMATION EST INTÉRESSANTE POUR CEUX QUI NE SONT PAS ENCORE PRÊT À L’ARRÊT

Ce message est très important, car il est parfois extrêmement difficile d’arrêter de fumer, voire même d’envisager d’arrêter de fumer. Dans ces conditions, il est bénéfique pour la santé de commencer rapidement par réduire sa consommation. L’arrêt viendra peut-être dans un second temps.

De toute façon, l’effet positif de cette réduction de consommation sera perceptible sur de nombreux organes et maladies. C’est donc très rentable, d’autant que de nombreux problèmes liés au tabac sont sous-diagnostiqués. Pourtant, pas encore de symptôme ne veut pas dire, pas de maladie débutante.

Par exemple, 75 % des bronchites chroniques tabagiques ne sont pas diagnostiquées, alors qu’il existe déjà des atteintes de la fonction respiratoire. Entre parenthèses, consultez votre médecin si vous souffrez au moins 2 mois par an de toux et de crachats (surtout matinaux), et ce, pendant au moins 2 ans de suite.

Cette réduction va aussi permettre une réduction du tabagisme passif

La fumée qui est inhalée et que l’on souffle ensuite est appelée « fumée primaire ». La fumée qui provient de la combustion naturelle de la cigarette qui se consume dans le cendrier est appelée fumée secondaire.

Cette fumée secondaire est celle qui est la plus toxique car elle contient beaucoup plus de particules très fines qui pénètrent plus profondément dans le système bronchique. D’ailleurs intuitivement, on le sent bien : c’est elle qui pique les yeux et irrite le nez. Cette fumée secondaire est la principale responsable du tabagisme passif et provoque donc toutes les complications du tabac, incluant le décès. 

Les risques majeurs du tabagisme passif chez l’enfant et le nourrisson peuvent se traduire par un accouchement prématuré, la mort subite du nourrisson, des otites récidivantes, ainsi que des crises d’asthmes et des infections respiratoires.

Évidemment les fumeurs souffrent aussi du tabagisme passif, provenant de leurs propres cigarettes ou de celles d’autrui.

Sachant cela, on peut se demander si fumer à la fenêtre, alors que la fumée rentre généralement à l’intérieur, est une précaution suffisante pour protéger son entourage ?

Là encore, vive l’abstinence ou au moins une réduction de consommation.

4°) LES BÉNÉFICES DE L’ARRÊT SONT RAPIDES

Et cela est vrai quel que soit l’âge de l’arrêt du tabac. Bien sûr, plus l’arrêt est précoce et plus on a de bénéfices. Cela est aussi lié au fait que la toxicité du tabac est dose-dépendante.

Dans le tableau qui suit, vous verrez que les premiers bénéfices se font ressentir dès les premières heures. Parfois il est difficile de les percevoir en raison de l’état de manque. Toutefois, celui-ci peut être largement compensé par l’apport de substitution nicotinique. Bien substituer, on se sent donc mieux dès le premier jour d’arrêt !!! 

8 heures à 72 heures après la dernière cigarette
La quantité de monoxyde de carbone dans le sang diminue puis se normalise.
Le risque d’infarctus diminue déjà +++
Les poumons commencent à éliminer le mucus et les résidus de fumée.
Le goût et l’odorat s’améliorent.
Respirer devient plus facile, les bronches commencent à se relâcher. 

2 semaines à 3 mois après la dernière cigarette
La toux et la fatigue diminuent.
On récupère du souffle. 
On marche plus facilement. 

1 à 9 mois après la dernière cigarette
Les cils bronchiques repoussent. 
On est de moins en moins essoufflé. 

1 an après la dernière cigarette
Le risque d’infarctus du myocarde diminue de moitié. 
Le risque d’accident vasculaire cérébral rejoint celui du non-fumeur. 

5 ans après la dernière cigarette
Le risque de cancer du poumon diminue presque de moitié. 

10 à 15 ans après la dernière cigarette         
L’espérance de vie redevient identique à celle des personnes n’ayant jamais fumé (si arrêt non tardif).

POUR CONCLURE : 

L’addiction à la nicotine est très forte, les sujets fumeurs sont souvent en souffrance et près de la moitiéd’entre eux souhaitent arrêter. Lancez-vous ! il existe de nombreux traitements qui diminuent les envies et qui permettent au moins une réduction significative. Parmi ces traitements les timbres, les pastilles, les gommes à la nicotine. Une pastille contient l’équivalent nicotinique d’une cigarette, donc préférez les premières pour un effet à peu près équivalent aux secondes. 

Ce qui freine souvent les fumeurs, c’est la fausse croyance que ce n’est pas possible pour eux d’arrêter. Dans ce cas, essayer de diminuer dans un premier temps, vous diminuerez les risques pour votre santé.

Parfois, c’est l’identité de fumeur que nous nous sommes attribués et que nous renvoient aussi les autres qui nous empêche d’avancer. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à changer d’identité pour devenir « UN DÉFUMEUR OU UNE DÉFUMEUSE ».

Enfin, il faut signaler le résultat très encourageant d’une étude effectuée sur près de 7000 fumeurs : l’arrêt du tabac rend HEUREUX. En effet les patients qui avaient stoppé devenaient plus heureux que ceux qui continuaient à fumer. N’est-ce pas un excellent argument pour s’y mettre sans plus tarder ? 

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Parlons du tabac et particulièrement du tabagisme associé à une consommation excessive d’alcool ou à l’alcoolo-dépendance. Que pouvez-vous faire si vous êtes concerné ?

L’objectif de cet article est de parler du tabagisme, et plus particulièrement du tabagisme associé à la consommation excessive d’alcool. Il n’est pas possible de réfléchir au problème d’alcool sans avoir en tête le tabac. 

L’un des premiers arguments vient d’une étude américaine effectuée dans les années 80. Des chercheurs ont observé les causes de mortalité de patients alcoolo-dépendants neuf ans après un sevrage alcool. Ces auteurs ont montré un nombre important de décès chez les patients qui reconsommaient régulièrement de l’alcool. Mais plus important, la première cause de mortalité chez ces patients était le tabagisme. Dans cette étude concernant des malades alcoolo-dépendants, le tabac tuait plus que l’alcool !

Cette étude a été très importante, car à l’époque, les patients étaient suivis dans des unités différentes pour les problèmes d’alcool, de tabac ou de drogue. L’Addictologie et l’organisation de l’accompagnement au sein d’unités d’Addictologie telles qu’on les connait aujourd’hui n’existaient pas encore.  Ainsi, il était habituel de dire aux patients : « l’urgence pour votre foie est d’arrêter l’alcool ; pour le tabac vous verrez plus tard ». C’était une très mauvaise réponse, et nous savons maintenant que l’approche thérapeutique doit être globale, choisie en collaboration avec les patients en fonction de leurs demandes et besoins.

Pourquoi faut-il s’intéresser au tabac ? 

Si l’alcool est la deuxième cause de mortalité évitable, c’est parce que le tabac est la première cause de mortalité évitable. Il ne faut pas l’oublier, d’autant que la consommation de tabac est particulièrement fréquente chez les malades alcoolo-dépendants. En effet, 80 à 90 % des patients hospitalisés pour sevrage alcoolique fument, alors que le tabagisme dans la population générale est plutôt aux alentours de 30 %.

Donc, ne serait-ce qu’en raison de la plus grande fréquence du tabagisme, les malades d’alcool ont presque 3 fois plus de risque de faire des complications liées au tabac que les personnes qui n’ont pas de maladie d’alcool.

Par ailleurs, lorsque l’on additionne la consommation d’alcool et de tabac, les risques d’effets secondaires et de survenue de maladies ne s’additionnent pas mais se multiplient. En d’autres termes, cela signifie que l’association de l’alcool et du tabac a une toxicité beaucoup plus importante que la simple somme des toxicités de chacun de ces produits consommés séparément. Comme il s’agit d’un point très important, mais long à décrire, nous pourrons le développer plus précisément dans un autre texte, si certains d’entre vous sont intéressés.

Les risques d’une consommation mixte alcool et tabac sont doses-dépendants. Cela signifie que les risques augmentent donc avec les quantités doses consommées. Cela signifie que si l’on ne se sent pas capable d’arrêter de fumer immédiatement, il faut dans un premier essayer de diminuer sa consommation. C’est le même message que pour les consommations excessives d’alcool.

Pour ces deux produits : le moins, c’est le mieux. 

Comment faire ? Par exemple en évitant les « cigarettes-reflexes » que l’on fume simplement parce qu’elles sont disponibles. Bien sûr, lorsqu’il y a en permanence un cendrier sur la table, un paquet de cigarettes sorti avec un briquet à côté, cela stimule l’envie d’en allumer une. Il est arrivé à tous les fumeurs de penser : « pourquoi ai-je allumé cette cigarette, je n’en avais pas vraiment envie ». A l’opposé, lorsque l’on est occupé, sans paquet de cigarettes à portée de main, il est plus facile de moins fumer. 

De plus, si certaines cigarettes sont agréables, d’autres ne le sont nettement moins et il est donc possible de ne pas les allumer. C’est très rentable parce que cela représente un nombre important de cigarettes chaque jour. 

Pour vous aider, vous pouvez aussi utiliser la technique des 5 minutes. En quoi cela consiste ? Lorsque vous avez envie de fumer une cigarette, regardez votre montre ou mettez en route le minuteur de votre portable pour une durée de 5 minutes. Et l’allumez pas de cigarette avant la fin de ces 5 minutes. A la place, trouvez une occupation, et vous verrez que l’envie de fumer va parfois vous quitter. Cela vous permettra de rester une demi-heure ou peut-être une heure de plus sans fumer. C’est en accumulant ces petits efforts qu’il est possible de diminuer sa consommation. 

De plus, il existe pour le tabac une substitution nicotinique qui peut être une aide très précieuse. L’objectif de cette substitution est d’apporter de la nicotine en quantité suffisamment importante pour saturer les récepteurs nicotiniques du cerveau, c’est-à-dire les sites de fixation de la nicotine. 

Lorsque ces récepteurs sont suffisamment saturés, la nicotine provenant de la cigarette ne trouve plus de récepteur libre, ou très peu, et cela se traduit par une absence d’effet de cette nicotine amenée par la cigarette. Il n’y a donc quasiment plus de plaisir. Il ne reste que le goût de la cigarette qui est plutôt mauvais, même pour les fumeurs actifs, et une irritation de la gorge. 

Comme la nicotine est la molécule qui génère la dépendance au tabac, la substitution nicotinique permet donc d’éviter le manque et « tue » le plaisir de fumer. 

C’est pourquoi, les tabacologues considèrent qu’il faut augmenter la substitution nicotinique tant que les patients ont des envies de fumer. Une fois ces envies disparues, il est beaucoup plus facile de jouer sur les habitudes, les automatismes et les mauvais réflexes (cela reste quand même un gros travail).

Il existe plusieurs moyens d’être substitué en nicotine : principalement les patches, les gommes, les pastilles et la cigarette électronique (e-cigarette). Pour être complet, il existe aussi un médicament qui va se fixer aussi sur les récepteurs nicotiniques, la Varénicline. Là encore, la prise de ce traitement va se traduire par une disparition du « plaisir » de fumer, et le sevrage va donc être possible avec peu d’impression de manque. Nous nous permettons de citer ce traitement parce qu’il est actuellement le seul disponible avec ce mode de fonctionnement et que cette information ne correspond donc pas à de la publicité préférentielle.

Enfin, il faut insister sur le fait qu’il est tout à fait possible de faire un sevrage mixte alcool et tabac. D’ailleurs de nombreux patients le réclament, et contrairement à l’idée que l’on pourrait avoir, les freins viennent plutôt de soignants qui n’en ont pas l’habitude.

Pourtant, il est souvent plus facile d’arrêter les deux produits, car l’un appelle l’autre : plus d’envie de fumer lorsque l’on boit un verre d’alcool et plus d’envie de boire lorsque l’on fume. Du coup, la double abstinence offre plus de sécurité et diminue le risque de rechute pour chacun des deux produits. 

Cependant n’oubliez pas que si l’on ne se sent pas capable d’arrêter de fumer immédiatement, il est toujours possible d’essayer de diminuer sa consommation. C’est toujours mieux pour votre santé.