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FRENCH PARADOX : L’ALCOOL EST-IL VRAIMENT UN PROTECTEUR VASCULAIRE ?

Quel était ce nouveau « paradoxe français » pointé du doigt par des scientifiques Anglo-Saxons ? En effet, il a quelques décennies est apparu un nouveau concept, nommé le « French Paradox ». 

Certains chercheurs se sont aperçus que les français avaient un taux de mortalité cardio-vasculaires moins important que les américains, alors qu’ils n’avaient pas moins de risques vasculaires. Ils n’étaient pas plus sportifs, ils n’étaient pas moins hypertendus, ils n’avaient pas moins de diabète, ni de surpoids. Même nos taux de cholestérol (en imaginant qu’il s’agisse d’un marqueur intéressant de risque vasculaire) n’étaient pas plus élevés.

Comment, dans ces conditions, expliquer que les français mourraient moins de complications cardio-vasculaires ?

L’idée qui s’est initialement imposée était que notre consommation de vin avait un effet de protection vasculaire qui expliquait notre bonne santé cardio-vasculaire. Il y a eu alors de nombreuses études pour tenter de savoir si c’était l’alcool lui-même ou le vin de façon spécifique qui permettait d’expliquer ce bon résultat. Les viticulteurs californiens se sont pris à rêver : ils voulaient que figure sur les bouteilles une mention de l’effet protecteur vasculaire du vin. Le produit de leur vigne serait quasiment devenu un médicament naturel. 

Dans un second temps, cet enthousiasme a été tempéré. 

La protection vasculaire a été rapportée au régime dit crétois : c’est-à-dire riche en huile d’olive, avec une consommation importante de poisson, et de fruits et légumes. Qu’est devenu l’effet bénéfique du vin dans tout ça ?

Il persiste dans de nombreux travaux, même si ces résultats restent contestés. Récemment, une étude à l’échelle mondiale a amené des résultats confirmant qu’une consommation modeste d’alcool par jour (aux alentours de 1 à 2 verres) avait un effet positif sur la mortalité cardiaque. Ces résultats ne tiennent pas compte du type d’alcool consommé et l’effet noté se semble pas uniquement associé au vin. 

Il faut donc insister sur le fait que cet effet « bénéfique », s’il existe, ne survient que pour des consommations très modestes. Au-dessus d’une quantité très faible, l’alcool est un produit qui non seulement n’est pas un protecteur vasculaire, mais au contraire un produit qui favorise la survenue de maladies vasculairesEt cette partie du message passe souvent inaperçue.

Voici quelques données complémentaires permettant de mieux comprendre cet effet:

Les atteintes coronaires

Les artères coronaires sont les artères qui permettent d’irriguer le muscle cardiaque. Quand elles se bouchent, même partiellement, il y a moins de sang et donc d’oxygène qui arrive au cœur. Ce défaut d’oxygène peut est responsable de douleurs cardiaques lorsque l’on fait des efforts. A un stade supplémentaire, il peut survenir une nécrose d’une portion du muscle cardiaque : c’est l’infarctus du myocarde. Devant ces maladies, on pense d’emblée à l’effet toxique du tabac. Mais en fait, l’alcool est un facteur de risque majeur, auquel on ne pense pas forcément.

Les accidents vasculaires cérébraux (AVC)

Là encore, la survenue d’un AVC est volontiers associée à une consommation de tabac, ce qui n’est bien sûr n’est jamais faux, mais qui pourrait être incomplet. Regardons ce que nous dit la littérature scientifique. 

Il est clairement démontré que la consommation d’alcool augmente à la fois le risque de saignement vasculaire dans le cerveau (AVC dit « hémorragique ») mais aussi de thrombose vasculaire (vaisseau bouché = thrombose vasculaire = AVC « ischémique »). Les risques augmentent pour ces deux problèmes à partir de consommations de respectivement 1 verre/jour pour le premier type et de 4 verres/jour pour le second. 

Des résultats provenant de 26 études qui ont évalué les facteurs de risques potentiels d’AVC permettent d’aller plus loin. Dans la plupart de ces études, il y avait 2 facteurs de risques qui étaient mis en lumière : une infection juste avant l’épisode et une consommation excessive d’alcool

Les limites des consommations d’alcool à risque étaient la suivante :

  • Plus de 4 verres dans les dernières 24 h précédent l’accident vasculaire
  • Plus de 15 verres dans la semaine précédent l’épisode vasculaire 

Devant ces résultats, la société américaine s’occupant de ces accidents vasculaires cérébraux a proposé aux personnes qui ont déjà fait un épisode de pas boire plus de 2 verres / jour chez l’homme et pas plus d’1 verre / jour chez la femme pour ne pas rechuter. 

Les troubles de l’érection chez les hommes 

L’érection est un mécanisme vasculaire et donc, elle est aussi perturbée par une consommation excessive d’alcool. Les mécanismes et les recommandations sont donc les mêmes que pour les maladies cardio- et neuro-vasculaire.

Hypertension artérielle

La consommation excessive d’alcool augmente les 2 chiffres de la tension artérielle, celui du haut (la tension artérielle systolique) et celui du bas (tension artérielle diastolique) : par exemple 135/85, que l’on exprime d’ailleurs volontiers par 13/8,5. 

Il s’agit d’une complication particulièrement importante, car l’HTA est l’une des premières causes de mortalité dans les pays développés. Chaque augmentation du chiffre de la tension artérielle (du haut ou du bas) augmente le risque de maladie lié à cette HTA (incluant malheureusement le risque de décès). 

Comme pour les autres effets vasculaires, l’effet toxique de l’alcool est dose-dépendant : plus consommation d’alcool augmente et plus les chiffres tensionnels augmentent et donc plus les risques de complications augmentent.

Il faut insister sur le fait que l’ensemble de ces effets est réversible avec l’arrêt de l’alcool. En d’autres termes, c’est toujours rentable d’agir !

Chez les jeunes

Les atteintes vasculaires touchent plutôt les sujets d’âge moyen ou les séniors. Toutefois, l’augmentation du binge drinking (qui est une consommation importante d’alcool dans un temps court) va amener la survenue de nouveaux risques chez les sujets jeunes. Ainsi, cela peut provoquer l’apparition de calcifications des artères coronaires des sujets jeunes, ce qui est un marqueur d’atteinte vasculaire chronique. De plus, ces consommations peuvent provoquer la survenue d’AVC chez des sujets jeunes, ce qui est normalement très inhabituel. D’ailleurs, chez les moins de 40 ans, 1 accident ischémique sur 5 est lié à l’alcool, ce qui est loin d’être négligeable.

POUR RÉSUMER

Une consommation d’alcool très modérée d’alcool pourrait avoir un effet bénéfique sur le risque de maladies vasculaires (c’est le french paradox). Toutefois, cet effet n’est observé que pour des consommations très basses et cela ne permet pas de conclure que l’alcool est un « protecteur vasculaire ». 

En effet, dès que les consommations augmentent, elles se traduisent par une AUGMENTATION du risque de maladies cardiovasculaires, neurovasculaires, d’HTA et de troubles de l’érection.

Ces risques sont dose-dépendant et diminuent, voire peuvent disparaître en cas d’arrêt d’alcool. Cette réversibilité doit être un encouragement à changer rapidement de comportement chez ceux qui consomment trop. 

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La consommation d’alcool est-elle moins toxique lors des vacances d’été ?

L’été est une période pendant laquelle il y a plus d’occasions de faire la fête, et c’est tant mieux. Il fait plus chaud, les journées durent plus longtemps, et nous avons envie d’en profiter. De plus tout le monde boit autour de nous, et cela influence notre consommation (en l’augmentant) et notre perception des risques encourus (en les diminuant). Ce n’est donc pas étonnant que nous ayons tendance à baisser la garde pendant cette période. 

Pourtant, l’alcool n’est pas moins toxique parce que c’est l’été ou parce qu’il est consommé dans un contexte festif. Dans ce sens, l’été pourrait au contraire être une période à risque, en particulier pour les consommations irrégulières mais massives. Il existe de plus en plus d’études qui démontrent qu’une consommation irrégulière, mais massive, est un mode de consommation particulièrement toxique. Lorsque l’on a beaucoup bu d’un coup, cela a agressé le corps et le fait de « calmer le jeu » pendant quelques jours n’efface pas la toxicité de cet excès : on ne « nettoie pas » pas ce qui a été fait.

L’été est aussi une période où il y a plus de tentation de boire en dehors des repas, ce qui augmente l’absorption de l’alcool dans le corps et donc sa nocivité.

Il existe une autre façon d’imaginer la prise d’alcool pendant les vacances : c’est l’intérêt de contrôler sa consommation. Cela permet de mieux profiter de ses soirées entre amis, et de rester au mieux jusqu’au bout de la fête. Par ailleurs, c’est très agréable d’être en forme le lendemain, dès le réveil. On peut aussi considérer que l’été est la bonne saison pour avoir plus d’activité physique, pour améliorer son teint et sa santé. C’est un moment pendant lequel on veut se sentir plus jeune et plus en forme. Nous pourrions donc en profiter pour nous occuper de nous, notamment de nos habitudes de boisson et d’alimentation. Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que l’alcool n’est pas une boisson efficace pour se désaltérer.

En résumé, cet été buvez beaucoup d’eau, peu d’alcool et faites des activités physiques.