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AGE ET ALCOOL, QUAND Y’A UN OS…

Est ce qu’il faut faire plus attention à sa consommation d’alcool quand on vieillit, et pourquoi ?

Il est bien démontré que la consommation excessive d’alcool est responsable de nombreux effets secondaires, en particulier de la survenue ou de l’aggravation d’au moins 60 maladies. Toutefois, tout le monde n’est pas touché de la même façon car il existe une grande variabilité individuelle quant à la sensibilité à ce produit. Parmi les facteurs de fragilité, nous avons déjà évoqué le sur-risque féminin.

Qu’en est-il du facteur âge ? Faut-il faire plus attention à sa consommation d’alcool quand on vieillit, et pourquoi ?

Pour commencer, il faut insister sur le fait qu’il existe dans les pays occidentaux une augmentation de consommation d’alcool chez les personnes les plus âgées, en particulier en ce qui concerne le binge drinking. Cette augmentation est visible dans la tranche d’âge 50-64 ans, mais aussi chez les 65 ans et plus. Ces observations sont confirmées par le fait que le nombre de personnes abstinentes après 50 ans diminue au fil du temps.

Ces données sont inquiétantes dans la mesure où une consommation excessive d’alcool est un contributeur majeur de mortalité, chez les sujets les plus âgés tout particulièrement. Toutefois, la mortalité ne représente qu’une partie de la problématique.  En effet, en cas de maladie grave (et c’est incontestablement le cas de l’alcool), il est important de considérer les années de vie « perdues » hors décès, c’est-à-dire les années pendant lesquelles la maladie ou un handicap altèrent très profondément la qualité de vie.

Il existe un critère mesurant cela, qui correspond au nombre cumulé d’années perdues en raison d’une mauvaise santé, d’un handicap ou d’une mort précoce : l’acronyme anglais est le « DALY ». 

L’alcool, et cela n’étonnera personne, est une cause majeure d’années de vie perdues selon la définition donnée précédemment, et les seniors ne sont pas épargnés : sur-risque de complications médicales graves, de fatigue chronique, de traumatismes et d’handicaps. L’âge avancé est un facteur de risque d’effets toxiques de l’alcool. 

POURQUOI SOMMES-NOUS PLUS SENSIBLES A L’ALCOOL EN VIEILLISSANT ? 

Tout d’abord, parce que l’alcool est métabolisé (c’est-à-dire dégradé) plus lentement à mesure que l’on vieillit. On considère par exemple, que le foie, qui est le principal organe du métabolisme de l’alcool, commence à vieillir significativement dès l’âge de 45 – 50 ans.   

De plus, le corps qui vieillit contient moins d’eau, ce qui modifie la diffusion de l’alcool dans les organes et les tissus. Comme l’alcool se disperse moins dans l’organisme, cela se traduit par des ALCOOLÉMIES PLUS ÉLEVÉES pour des consommations équivalentes. Cela veut dire que pour une même quantité d’alcool consommée, la concentration d’alcool dans le sang va être plus élevée et est donc plus toxique.

Donc, à partir d’un certain âge (impossible de déterminer une limite nette, mais très probablement dès la quatrième décennie), pour une même consommation d’alcool, il y a plus d’alcool circulant dans le corps et pendant plus longtemps.

Comme si cela ne suffisait pas, les médicaments sont contre-indiqués avec la consommation d’alcool alors même que les traitements médicamenteux sont plus fréquemment prescrits aux âges avancés. 

Tous ces facteurs augmentent bien sûr le risque de complications chez les sujets d’âge mûr. 

Parmi tous les effets négatifs possibles, nous parlerons aujourd’hui des complications osseuses.

Lorsque l’on vieillit, la résistance de notre squelette diminue lentement en raison de la survenue d’une ostéoporose. Il s’agit d’une maladie diffuse du squelette qui correspond à une diminution de la densité osseuse et à des altérations de la microarchitecture de nos os. Les os deviennent plus fragiles et se cassent plus facilement. Bien sûr, les os qui supportent le plus de charge et de contraintes sont les plus à risque : notamment le col du fémur. 

Essayez de deviner quel facteur de risque majeur d’ostéoporose justifierait d’être systématiquement dépisté et pour lequel il faudrait probablement intensifier la prévention ?

C’est bien sûr la consommation excessive d’alcool. L’alcool est un facteur aggravant formellement démontré et serait la cause de 20 à 30 % des ostéoporoses masculines. La ménopause favorise l’ostéoporose et les femmes doivent donc être encore plus vigilantes à leur consommation d’alcool après la ménopause. 

Par ailleurs, La consommation d’alcool favorise les troubles de l’équilibre et les chutes chez les seniors. Donc, nous voyons que l’alcool est moins bien épuré avec l’âge et qu’il persiste plus longtemps dans le corps. Il favorise la fragilité osseuse et les chutes. 

Pour l’ensemble de ces raisons, le risque de fracture est beaucoup plus élevé chez ses seniors qui consomment. 

Malheureusement, la chaine des complications ne s’arrête pas là. 

En effet, la consolidation d’une fracture dépend de la vitalité osseuse et la microcirculation sanguine. Or cette dernière est altérée par l’alcool et la consommation de tabac. Il faut aussi, si une chirurgie a été nécessaire, que les tissus mous autour de l’intervention puissent cicatriser rapidement et que la cicatrice ne s’infecte pas. 

Or, là encore, il est démontré de façon incontestable que la consommation d’alcool ralenti les cicatrisations et augmente les risques infectieux locaux (autour de la cicatrice) ou généraux (par exemple une septicémie ou une pneumonie).

Enfin, la consommation chronique d’alcool augmente après chirurgie la durée de séjour en Unité de Soin Intensif et donc tous les risques liés à ce type d’hospitalisation très « lourde ».

CONCLUSION

Donc, pour conclure, l’alcool est un facteur de risque de fragilité osseuse, de chute et de fracture. Ceci est surtout vrai chez les seniors. De plus, en cas de fracture, les capacités de guérison sont diminuées avec des risques importants de complications pendant le traitement et de séquelles plus fréquentes. Comme toujours avec l’alcool, a plupart de ces risques sont augmentés par le tabagisme.