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Gamma GT : quelques informations complémentaires

Le petit texte parlant de la gGT a suscité de nombreux commentaires ainsi que des questions. Ce n’est pas étonnant dans la mesure où ce dosage est souvent considéré comme un « gold standard » indiscutable et qu’il est largement connu et utilisé. 

Il n’est donc pas inutile de repréciser quelques points. 

Tout d’abord, une augmentation des taux de gGT chez quelqu’un qui consomme trop d’alcool est une information qui est très UTILE pour 2 principales raisons :

1°) Premièrement, cela démontre que la consommation est au-delà de ce que peut supporter le foie et que celui-ci est, en quelque sorte, en surchauffe. Si le foie commence à être dépassé par la consommation d’alcool, il est tout à fait possible que d’autres organes soient aussi irrités par l’alcool. Ainsi, cette augmentation de gGT est un signe sentinelle qui alerte le consommateur sur son comportement. 

A l’opposé, certaines personnes ayant des consommations importantes conservent très longtemps des taux normaux et faussement rassurants de gGT. On peut considérer qu’elles ont moins de chance que les premières, car l’absence d’un signal d’alarme peut les conforter dans leur comportement à risque et augmenter le risque de voir survenir des complications.  

2°) Deuxièmement, un taux élevé de gGT permet de suivre l’évolution de sa consommation et surtout de sa baisse de consommation. Cela donne un objectif à atteindre : arriver à normaliser le dosage. De plus, à chaque fois que le taux diminue, cela confirme que l’on va dans la bonne direction. 

Pour ces deux raisons, avoir un bilan perturbé peut aussi représenter une opportunité de progresser.

La diminution possible du taux de gGT amène naturellement la question suivante : en combien de temps mon bilan va-t-il se normaliser ? Et que signifie une absence de normalisation ?

Généralement, la normalisation du taux de gGT survient en 6 voire 8 semaines en cas d’arrêt total de la consommation d’alcool, parfois moins. Entre parenthèse, un arrêt total de la consommation est une bonne idée quand il existe des anomalies biologiques, au moins jusqu’à la disparition de celles-ci.

Après ce délai, 2 possibilités :

1°) Le taux est proche de la valeur normale, qui est indiquée sous forme d’une « fourchette » sur le bilan avec une limite basse et une limite haute : par exemple Nl : 45-70 UI/l. À traduire par la valeur normale est comprise entre 45 et 70 unités internationales par litre. Si le taux est proche de la normale, il suffit de se laisser un peu de temps en plus (2 semaines de plus par exemple) pour voir le bilan se normaliser.

2°) Votre taux de gGT reste élevé alors que vous ne buvez pas (ou que vous ne buvez plus depuis plusieurs mois).

Cela signifie alors qu’il existe une autre cause d’augmentation de ce dosage. Vous pouvez être totalement sûr de vous et vous n’avez aucune raison de ressentir le moindre doute ou malaise face à ce résultat.

Pour le plaisir d’être exhaustif, vous avez un tableau qui vous donne les principales causes d’augmentation des gGT (surtout ne l’apprenez pas par cœur !). 

Sachez enfin que les valeurs normales qui sont proposées pour TOUS les examens biologiques sont calculés pour correspondre à 95 % de la population et que donc certains d’entre nous ont des résultats qui, sans que cela traduise une maladie, sont un peu différents de la majorité de nos contemporains : 2,5 % des gens ont des résultats en dessous et 2,5 % ont des résultats au-dessus des valeurs de la « fourchette » de normalité. 

C’est la même chose avec la taille : il existe des personnes qui mesurent plus de 2 mètres. C’est rare et cela sort des 95 % habituels, mais ce n’est pas une maladie !

Principales causes extra-hépatiques d’augmentation du taux de gGT

Au décours d’une chirurgie
Nombreux médicaments
Diabète sucré
Obésité et hyperlipidémie
Bronchite chronique obstructive
Toxiques, tels que pesticides, arsenic
Hyperthyroïdie
Certaines maladies articulaires
Angine de poitrine, insuffisance cardiaque
Maladie musculaire
Atteinte cérébrale ou du système nerveux périphérique
Certaines atteintes rénales
Certains troubles mentaux

Comme vous le voyez les causes sont très diverses. Sachez aussi que les plus fréquemment diagnostiquées sont sans gravité. Si vous considérez que d’autres précisions méritent d’être apportées, n’hésitez pas à le demander et nous y répondrons.  

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QUE FAUT-IL PENSER DES RÉSULTATS DE GAMMA GT ?

La gamma GT (γGT), de son vrai nom gamma glutamyl transpeptidase, est une enzyme qui a été découverte dans les années 50. L’augmentation de son taux circulant (dans le sérum sanguin) a été rapidement associée à une consommation excessive d’alcool.

Maintenant encore, dire « j’ai un taux de γGT augmenté » est traduit par les proches, par beaucoup de médecins et par la justice par « trop d’alcool consommé ».

En effet, la γGT est une enzyme hépatique, et quand le foie souffre, il est souvent conclu que c’est secondaire à une consommation excessive d’alcool. Même si cela peut être vrai, il ne faut pas être systématique car il existe de nombreux organes, en dehors du foie, qui ont des concentrations de γGT importants, dont les reins, le pancréas, le cœur, le cerveau, les intestins, etc… Donc des maladies de ces organes peuvent se traduire par des taux augmentés de γGT, de même que d’autres causes de maladie du foie (une hépatite virale par exemple) et des maladies générales telle que l’obésité.

Point n°1 : on peut avoir des taux augmentés de γGT sans avoir un problème d’alcool

Par ailleurs, de nombreux chercheurs ont recherché les rôles et fonctions de la γGT. Cette enzyme a des fonctions très importantes puisqu’elle est impliquée dans la synthèse des protéines et a des actions anti-oxydantes. 

Cette enzyme est donc essentielle à notre santé et c’est en plus un anti-oxydant qui fonctionne vraiment (ce qui n’est pas forcément le cas des produits généralement vendus comme tels).

Point n°2 : la γGT est une enzyme essentielle à la vie 

Chez des personnes avec un problème d’alcool, la γGT est un marqueur indirect de consommation. C’est-à-dire que la γGT traduit l’irritation du foie face à l’alcool. Cela ne veut pas dire que tant que les γGT ne sont pas augmentées, il n’y a pas de risque et que l’on peut continuer à consommer de la même façon. On entend parfois en consultation : « tu vois bien que je ne bois pas, mes γGT sont normales ! ». 

Ce raisonnement ne tient pas. En effet, les taux de γGT sont volontiers normaux chez des personnes ayant des consommations irrégulières mais importantes et chez d’autres qui consomment quotidiennement des quantités modérées.

Dans ces deux cas, des conséquences graves peuvent survenir sans que des taux élevés de γGT aient été observés. Par exemple, il n’est exceptionnel d’observer une absence d’augmentation des γGT chez des patients avec une cirrhose du foie.

D’autre part, l’alcool est toxique pour quasiment tous les organes du corps et même s’il n’y a pas d’atteinte hépatique, cela ne signifie pas que le cœur, le cerveau, le tube digestif, etc… sont indemnes de toute atteinte.

Point n°3 : taux normal de γGT ne signifie pas une absence de toxicité de l’alcool sur le foie ou un autre organe

Généralement, en cas de consommation excessive d’alcool, l’augmentation des γGT n’est pas isolée et est au contraire associée à l’augmentation d’autres enzymes hépatiques et aussi à une augmentation de volume des globules rouges (Volume Globulaire Moyen = VGM). L’association de γGT élevées et de gros globules rouges oriente pour le coup nettement vers l’alcool.

Dans ce cas, il est important de stopper ou du moins de bien diminuer sa consommation en surveillant les taux de γGT. C’est là que l’intérêt de ce dosage prend toute sa valeur : c’est un élément de suivi très parlant pour le patient et le médecin.

Point n°4 : l’augmentation de γGT est volontiers associée à d’autres anomalies biologiques, en particulier du VGM. Une γGT élevée en raison d’une consommation excessive d’alcool est un excellent marqueur de suivi.

Parfois, malgré des efforts importants le taux de γGT ne se normalise pas. Qu’est-ce que cela signifie ? Plusieurs réponses sont possibles. 

Tout d’abord, la diminution de la consommation peut ne pas être suffisante. Si l’on passe de 2 bouteilles de vin par jour à une bouteille, cela représente un gros effort et il y a un bénéfice net pour la santé. Toutefois, rester à 1 bouteille, soit 7 verres (ou unités) par jour suffit à maintenir une forte toxicité pour le foie. 

Deuxièmement, même après abstinence totale les taux de γGT peuvent rester élevés. Votre médecin doit alors chercher une autre cause à cette anomalie. Il sera alors très important de maintenir une abstinence totale afin de ne pas s’imposer des bilans sans fins qui n’ont pas de raison d’être prescrits si des prises d’alcool persistent. 

Troisièmement, cela peut survenir quand le dosage est trop proche de la date de sevrage. Il faut en moyenne 2 à 6 semaines pour normaliser les taux de γGT, mais ce délai peut augmenter si le taux initial était très élevé (>1000 par exemple)

Point n°5 : Si la normalisation des taux de γGT ne survient pas après 2 à 3 mois d’abstinence, une autre cause (hépatique, cardiaque ou autre) doit être recherchée. 

Enfin, il existe 5 à 7 % des gens qui ont un taux de γGT qui est augmenté de façon isolée, sans aucune cause précise, et sans que cela se traduise par la moindre complication. 

Toutefois, cela reste l’exception et en cas de consommation d’alcool, il ne faut pas avoir des taux augmentés de façon chronique car cela signe un risque augmenté de complications (potentiellement graves) pour la santé.

Point n°6 : il faut éviter de « trainer » avec des taux augmentés de γGT sans avoir un bilan médical sérieux

En conclusion, même si le dosage de la γGT ne permet pas de faire des diagnostiques de certitudes, il peut est utile, en particulier pour le suivi en cas de taux initial augmenté. Ce dosage peut être le témoin de vos efforts et permettre de renforcer votre motivation à avancer. 

En cas de consommation chronique d’alcool, il ne faut pas être faussement rassuré par un taux normal qui ne représente qu’un reflet indirect de ce qui se passe dans le foie (et pas dans l’ensemble du corps). Si vous avez des taux augmentés, il faut faire votre possible pour que ceux-ci se normalisent afin d’éviter des complications au long cours.