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Janvier Sobre, Dry January : est-ce mauvais signe si on n’a pas su en profiter ou si c’était difficile ? Comment faire ?

Commencer chaque année par un mois de janvier sobre (ou dry January) est une habitude intéressante, car cela s’accompagne de messages qui alertent la population sur les risques liés à l’alcool. Ce janvier sobre donne aussi envie à beaucoup de personnes de commencer une démarche de réduction de consommation, parfois même d’arrêt. Toutefois, ce janvier sobre peut aussi générer du stress chez ceux qui consomment trop et qui ne sont pas parvenues à se lancer. La question que l’on peut se poser dans ces conditions est la suivante : est-ce mauvais signe si on n’a pas su profiter de janvier sobre ?

Le but de ce blog est de donner des éléments de réponses à cette question.

Pour cela, il faut s’interroger sur ce qui permet de commencer une démarche alcool.

Tout d’abord, il faut que ce soit le bon moment. 

Cette chronologie favorable est parfois indépendante du patient. Les freins possibles peuvent correspondre à des problèmes d’environnement familial ou social. 

Des périodes difficiles à gérer peuvent capter notre énergie, notre détermination. Par exemple, quelques jours de vacances pendant lesquels la tentation sera forte, ou une période de rush professionnel pendant laquelle il est vraiment difficile de baisser sa consommation. Pour d’autres encore, janvier peut être un mois pendant lequel tombent des anniversaires douloureux. En d’autres termes, il est tout à possible que le mois de janvier ne soit pas trop propice à une démarche alcool.

D’autre part, il faut parfois pour se lancer ressentir un « déclic ».

Ce fameux déclic est difficile à décrire et encore plus à le partager (malheureusement). De plus, il ne se commande pas et n’arrive pas sur mesure. Toutefois, pour les patients qui le ressentent cela signifie généralement que « c’est le bon moment » et la démarche va pouvoir s’enchainer assez naturellement. À contrario, on comprend aisément que se lancer quand on ne pense pas que c’est le bon moment peut être complexe et il est possible que les chances de réussite ne soient pas optimales.

Pour les patients qui sont accompagnés par un soignant, il est aussi nécessaire que cette rencontre soit empreinte de confiance mutuelle et de compréhension. Parfois, la relation n’est pas satisfaisante, sans que ni le patient ni soignant puisse être tenu responsable. Tout simplement, le ressenti, des mots prononcés troublent la relation et font douter le patient. D’autre part, les soignants adoptent des pratiques thérapeutiques qui peuvent ne pas convenir à un patient spécifique. Celui-ci sera plus à l’aise avec d’autres modalités de soin. Cela n’est pas grave s’il est possible de le repérer et d’en tirer des enseignements. 

Il a été démontré que les soignants obtiennent leurs meilleurs résultats avec des méthodes thérapeutiques avec lesquelles ils sont à l’aise. Globalement, celles dont ils ont l’habitude et qu’ils maitrisent correctement.

Il est évident que c’est la même chose pour les patients qui vont voir leurs efforts couronnés de succès si la technique de soin utilisée est celle qui leur convient le mieux. C’est pourquoi il est essentiel que les patients participent à l’élaboration de leur projet de soin afin de mieux y adhérer. D’ailleurs, il a été montré que les patients atteignent beaucoup plus les objectifs qu’ils se fixent eux-mêmes que ceux qui sont proposés par d’autres.

Beaucoup d’autres points pourraient être discutés pour expliquer pourquoi il peut être difficile de réussir son janvier sobre et pourquoi ne pas avoir avancé ne signe pas une défaite.

Malgré tout, il est très intéressant de réfléchir (sans stress ni culpabilité) au concept du janvier sobre et d’en tirer des enseignements, y compris pour ceux qui ne sont pas lancés. Le principal enseignement est probablement celui-ci : ça veut toujours le coup d’essayer

Premièrement, parce qu’en l’absence d’essai, il n’y a aucune chance de réussir. Ainsi que nous le rappelle cette citation : « Dans la vie, le seul combat qui est perdu d’avance, c’est celui que l’on ne mène pas ».

Deuxièmement, car se mettre en condition réelle de diminution ou d’arrêt d’alcool permet de mieux auto-diagnostiquer son problème et de mieux évaluer ses difficultés à avancer.  

Troisièmement, parce qu’il est normal de faire des erreurs pour progresser et qu’il est rare d’y arriver du premier coup. Nous aimons répéter aux patients que les champions olympiques qui lancent le poids ou qui sautent en longueur et en hauteur ont droit à plusieurs essais. Pourquoi les patients n’y auraient pas droit aussi ? 

Quatrièmement, car il n’y a rien à perdre à se lancer. En effet, une tentative qui n’a pas abouti ne présage pas du résultat des tentatives futures.

En conclusion, si vous n’avez pas pris le train de janvier sobre : essayer de comprendre ce qu’il vous a manqué. Que faut-il pour que des conditions plus favorables soient réunies ? Les freins qui vous ont empêchés d’avancer sont-ils si puissants que ça ? Quand surviendra votre prochaine « fenêtre de lancement » ? En d’autres termes, quand réussirez-vous à rendre le contexte favorable à votre démarche ? 

Si vous ne trouvez pas de réponse satisfaisante : alors stoppez la réflexion et rentrez dans l’action. Préparez-vous pour un Mars sobre ou un Avril sobre, pourquoi pas ? Ne donnez pas trop la parole à votre intelligence qui trouve toujours d’excellentes excuses pour vous permettre de ne pas progresser. Tout cela est résumé dans la citation suivante qui s’adapte particulièrement bien aux problèmes d’addiction : « Notre esprit sait très bien où nous devons aller, mais notre intelligence fait tout pour nous en empêcher ».

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LE MOIS SANS TABAC SE TERMINE, MAIS LE COMBAT CONTINUE !

Le mois sans tabac nous rappelle, si nous en avions besoin, que le tabac est très toxique pour la santé. Pour de nombreuses personnes, le mois sans tabac a été le déclencheur d’une démarche d’abstinence ou de réduction de consommation. Pour d’autres, cela a permis de réfléchir, mais pas encore de prendre la décision de se lancer. 

Voici quelques arguments supplémentaires pour vous aider à vous lancer dans la lutte contre votre tabagisme.

1°) LE TABAGISME EST TRÈS TOXIQUE SURTOUT EN CAS D’ASSOCIATION À L’ALCOOL

Le tabac est la première cause de mortalité évitable ; il s’agit donc d’un produit réellement très toxique. Mais, il faut aussi savoir que sa toxicité se potentialise avec celle de l’alcool. En d’autres termes, l’addition de ces deux produits (tabac + alcool) se traduit par une multiplication des risques (risque tabac X risque alcool). 

Cette potentialisation est démontrée pour de nombreuses complications : par exemple les maladies cardio-vasculaires (angine de poitrine, infarctus du myocarde), des maladies neurologiques (les accidents vasculaires cérébraux notamment), le risque de fibrose et de cirrhose du foie, et bien sûr pour de nombreux cancers. 

Comme exemple, et parce que ce chiffre est très spectaculaire, nous citerons l’augmentation du risque d’avoir certains cancers de la gorge en cas de consommation importante d’alcool et de tabac : ce risque peut être 150 fois plus important que celui des non-consommateurs. Cet impressionnant résultat nous permet d’introduire un autre élément important.

2°) LA TOXICICTÉ EST DOSE-DÉPENDANTE.

Cela est vrai pour les maladies cardiaques et neurologiques. De même, le risque de développer ou d’aggraver une bronchite chronique ainsi que pour le risque de faire des infections pulmonaires augmente avec les quantités fumées.

Cela signifie aussi qu’à chaque diminution de consommation tabagique, il y a un bénéfice attendu sur un problème de santé éventuellement connu, mais aussi sur tous les autres, même ceux qui ne sont pas encore déclarés.

Donc plus on fume plus on a de risque ; moins on fume et moins on a de risques.

3°) LA RÉDUCTION DE CONSOMMATION EST INTÉRESSANTE POUR CEUX QUI NE SONT PAS ENCORE PRÊT À L’ARRÊT

Ce message est très important, car il est parfois extrêmement difficile d’arrêter de fumer, voire même d’envisager d’arrêter de fumer. Dans ces conditions, il est bénéfique pour la santé de commencer rapidement par réduire sa consommation. L’arrêt viendra peut-être dans un second temps.

De toute façon, l’effet positif de cette réduction de consommation sera perceptible sur de nombreux organes et maladies. C’est donc très rentable, d’autant que de nombreux problèmes liés au tabac sont sous-diagnostiqués. Pourtant, pas encore de symptôme ne veut pas dire, pas de maladie débutante.

Par exemple, 75 % des bronchites chroniques tabagiques ne sont pas diagnostiquées, alors qu’il existe déjà des atteintes de la fonction respiratoire. Entre parenthèses, consultez votre médecin si vous souffrez au moins 2 mois par an de toux et de crachats (surtout matinaux), et ce, pendant au moins 2 ans de suite.

Cette réduction va aussi permettre une réduction du tabagisme passif

La fumée qui est inhalée et que l’on souffle ensuite est appelée « fumée primaire ». La fumée qui provient de la combustion naturelle de la cigarette qui se consume dans le cendrier est appelée fumée secondaire.

Cette fumée secondaire est celle qui est la plus toxique car elle contient beaucoup plus de particules très fines qui pénètrent plus profondément dans le système bronchique. D’ailleurs intuitivement, on le sent bien : c’est elle qui pique les yeux et irrite le nez. Cette fumée secondaire est la principale responsable du tabagisme passif et provoque donc toutes les complications du tabac, incluant le décès. 

Les risques majeurs du tabagisme passif chez l’enfant et le nourrisson peuvent se traduire par un accouchement prématuré, la mort subite du nourrisson, des otites récidivantes, ainsi que des crises d’asthmes et des infections respiratoires.

Évidemment les fumeurs souffrent aussi du tabagisme passif, provenant de leurs propres cigarettes ou de celles d’autrui.

Sachant cela, on peut se demander si fumer à la fenêtre, alors que la fumée rentre généralement à l’intérieur, est une précaution suffisante pour protéger son entourage ?

Là encore, vive l’abstinence ou au moins une réduction de consommation.

4°) LES BÉNÉFICES DE L’ARRÊT SONT RAPIDES

Et cela est vrai quel que soit l’âge de l’arrêt du tabac. Bien sûr, plus l’arrêt est précoce et plus on a de bénéfices. Cela est aussi lié au fait que la toxicité du tabac est dose-dépendante.

Dans le tableau qui suit, vous verrez que les premiers bénéfices se font ressentir dès les premières heures. Parfois il est difficile de les percevoir en raison de l’état de manque. Toutefois, celui-ci peut être largement compensé par l’apport de substitution nicotinique. Bien substituer, on se sent donc mieux dès le premier jour d’arrêt !!! 

8 heures à 72 heures après la dernière cigarette
La quantité de monoxyde de carbone dans le sang diminue puis se normalise.
Le risque d’infarctus diminue déjà +++
Les poumons commencent à éliminer le mucus et les résidus de fumée.
Le goût et l’odorat s’améliorent.
Respirer devient plus facile, les bronches commencent à se relâcher. 

2 semaines à 3 mois après la dernière cigarette
La toux et la fatigue diminuent.
On récupère du souffle. 
On marche plus facilement. 

1 à 9 mois après la dernière cigarette
Les cils bronchiques repoussent. 
On est de moins en moins essoufflé. 

1 an après la dernière cigarette
Le risque d’infarctus du myocarde diminue de moitié. 
Le risque d’accident vasculaire cérébral rejoint celui du non-fumeur. 

5 ans après la dernière cigarette
Le risque de cancer du poumon diminue presque de moitié. 

10 à 15 ans après la dernière cigarette         
L’espérance de vie redevient identique à celle des personnes n’ayant jamais fumé (si arrêt non tardif).

POUR CONCLURE : 

L’addiction à la nicotine est très forte, les sujets fumeurs sont souvent en souffrance et près de la moitiéd’entre eux souhaitent arrêter. Lancez-vous ! il existe de nombreux traitements qui diminuent les envies et qui permettent au moins une réduction significative. Parmi ces traitements les timbres, les pastilles, les gommes à la nicotine. Une pastille contient l’équivalent nicotinique d’une cigarette, donc préférez les premières pour un effet à peu près équivalent aux secondes. 

Ce qui freine souvent les fumeurs, c’est la fausse croyance que ce n’est pas possible pour eux d’arrêter. Dans ce cas, essayer de diminuer dans un premier temps, vous diminuerez les risques pour votre santé.

Parfois, c’est l’identité de fumeur que nous nous sommes attribués et que nous renvoient aussi les autres qui nous empêche d’avancer. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à changer d’identité pour devenir « UN DÉFUMEUR OU UNE DÉFUMEUSE ».

Enfin, il faut signaler le résultat très encourageant d’une étude effectuée sur près de 7000 fumeurs : l’arrêt du tabac rend HEUREUX. En effet les patients qui avaient stoppé devenaient plus heureux que ceux qui continuaient à fumer. N’est-ce pas un excellent argument pour s’y mettre sans plus tarder ? 

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QUE FAUT-IL PENSER DES RÉSULTATS DE GAMMA GT ?

La gamma GT (γGT), de son vrai nom gamma glutamyl transpeptidase, est une enzyme qui a été découverte dans les années 50. L’augmentation de son taux circulant (dans le sérum sanguin) a été rapidement associée à une consommation excessive d’alcool.

Maintenant encore, dire « j’ai un taux de γGT augmenté » est traduit par les proches, par beaucoup de médecins et par la justice par « trop d’alcool consommé ».

En effet, la γGT est une enzyme hépatique, et quand le foie souffre, il est souvent conclu que c’est secondaire à une consommation excessive d’alcool. Même si cela peut être vrai, il ne faut pas être systématique car il existe de nombreux organes, en dehors du foie, qui ont des concentrations de γGT importants, dont les reins, le pancréas, le cœur, le cerveau, les intestins, etc… Donc des maladies de ces organes peuvent se traduire par des taux augmentés de γGT, de même que d’autres causes de maladie du foie (une hépatite virale par exemple) et des maladies générales telle que l’obésité.

Point n°1 : on peut avoir des taux augmentés de γGT sans avoir un problème d’alcool

Par ailleurs, de nombreux chercheurs ont recherché les rôles et fonctions de la γGT. Cette enzyme a des fonctions très importantes puisqu’elle est impliquée dans la synthèse des protéines et a des actions anti-oxydantes. 

Cette enzyme est donc essentielle à notre santé et c’est en plus un anti-oxydant qui fonctionne vraiment (ce qui n’est pas forcément le cas des produits généralement vendus comme tels).

Point n°2 : la γGT est une enzyme essentielle à la vie 

Chez des personnes avec un problème d’alcool, la γGT est un marqueur indirect de consommation. C’est-à-dire que la γGT traduit l’irritation du foie face à l’alcool. Cela ne veut pas dire que tant que les γGT ne sont pas augmentées, il n’y a pas de risque et que l’on peut continuer à consommer de la même façon. On entend parfois en consultation : « tu vois bien que je ne bois pas, mes γGT sont normales ! ». 

Ce raisonnement ne tient pas. En effet, les taux de γGT sont volontiers normaux chez des personnes ayant des consommations irrégulières mais importantes et chez d’autres qui consomment quotidiennement des quantités modérées.

Dans ces deux cas, des conséquences graves peuvent survenir sans que des taux élevés de γGT aient été observés. Par exemple, il n’est exceptionnel d’observer une absence d’augmentation des γGT chez des patients avec une cirrhose du foie.

D’autre part, l’alcool est toxique pour quasiment tous les organes du corps et même s’il n’y a pas d’atteinte hépatique, cela ne signifie pas que le cœur, le cerveau, le tube digestif, etc… sont indemnes de toute atteinte.

Point n°3 : taux normal de γGT ne signifie pas une absence de toxicité de l’alcool sur le foie ou un autre organe

Généralement, en cas de consommation excessive d’alcool, l’augmentation des γGT n’est pas isolée et est au contraire associée à l’augmentation d’autres enzymes hépatiques et aussi à une augmentation de volume des globules rouges (Volume Globulaire Moyen = VGM). L’association de γGT élevées et de gros globules rouges oriente pour le coup nettement vers l’alcool.

Dans ce cas, il est important de stopper ou du moins de bien diminuer sa consommation en surveillant les taux de γGT. C’est là que l’intérêt de ce dosage prend toute sa valeur : c’est un élément de suivi très parlant pour le patient et le médecin.

Point n°4 : l’augmentation de γGT est volontiers associée à d’autres anomalies biologiques, en particulier du VGM. Une γGT élevée en raison d’une consommation excessive d’alcool est un excellent marqueur de suivi.

Parfois, malgré des efforts importants le taux de γGT ne se normalise pas. Qu’est-ce que cela signifie ? Plusieurs réponses sont possibles. 

Tout d’abord, la diminution de la consommation peut ne pas être suffisante. Si l’on passe de 2 bouteilles de vin par jour à une bouteille, cela représente un gros effort et il y a un bénéfice net pour la santé. Toutefois, rester à 1 bouteille, soit 7 verres (ou unités) par jour suffit à maintenir une forte toxicité pour le foie. 

Deuxièmement, même après abstinence totale les taux de γGT peuvent rester élevés. Votre médecin doit alors chercher une autre cause à cette anomalie. Il sera alors très important de maintenir une abstinence totale afin de ne pas s’imposer des bilans sans fins qui n’ont pas de raison d’être prescrits si des prises d’alcool persistent. 

Troisièmement, cela peut survenir quand le dosage est trop proche de la date de sevrage. Il faut en moyenne 2 à 6 semaines pour normaliser les taux de γGT, mais ce délai peut augmenter si le taux initial était très élevé (>1000 par exemple)

Point n°5 : Si la normalisation des taux de γGT ne survient pas après 2 à 3 mois d’abstinence, une autre cause (hépatique, cardiaque ou autre) doit être recherchée. 

Enfin, il existe 5 à 7 % des gens qui ont un taux de γGT qui est augmenté de façon isolée, sans aucune cause précise, et sans que cela se traduise par la moindre complication. 

Toutefois, cela reste l’exception et en cas de consommation d’alcool, il ne faut pas avoir des taux augmentés de façon chronique car cela signe un risque augmenté de complications (potentiellement graves) pour la santé.

Point n°6 : il faut éviter de « trainer » avec des taux augmentés de γGT sans avoir un bilan médical sérieux

En conclusion, même si le dosage de la γGT ne permet pas de faire des diagnostiques de certitudes, il peut est utile, en particulier pour le suivi en cas de taux initial augmenté. Ce dosage peut être le témoin de vos efforts et permettre de renforcer votre motivation à avancer. 

En cas de consommation chronique d’alcool, il ne faut pas être faussement rassuré par un taux normal qui ne représente qu’un reflet indirect de ce qui se passe dans le foie (et pas dans l’ensemble du corps). Si vous avez des taux augmentés, il faut faire votre possible pour que ceux-ci se normalisent afin d’éviter des complications au long cours.

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ALCOOL ET SOMMEIL – Épisode 1

GÉNÉRALITÉS

Pour parler clairement de troubles du sommeil, il convient tout d’abord de définir ce qu’est un sommeil de bonne qualité. Il y a une réponse simple qui permet une première auto-évaluation : votre sommeil est de bonne qualité s’il vous permet d’être en forme la journée. Si au contraire vous êtes tout le temps fatigué, avec des bâillements et l’envie (voire le besoin) de faire des siestes, il est probable que vous sommeil est insuffisant en qualité et/ou en quantité.

Il est important de savoir que notre sommeil est génétiquement programmé ; c’est à dire que nous sommes ou des petits ou des gros dormeurs indépendamment de notre volonté. Cela étant dit, il faut respecter son sommeil (dormir le temps nécessaire) sous peine de ressentir une fatigue chronique. 

Les troubles du sommeil sont fréquents dans la population générale, et beaucoup plus fréquents chez les personnes ayant une consommation excessive d’alcool (40 à 70 % des personnes dans cette situation). Souvent ces troubles sont aussi liés au fait que nous négligeons des conseils basiques d’hygiène du sommeil (voir épisode 3).

Les troubles du sommeil favorisent la consommation d’alcool. En effet, lorsque l’on souffre d’insomnie, on essaie toutes sortes de stratégies (médicamenteuses ou pas) pour tenter de retrouver un sommeil de qualité. Parmi ces stratégies, certains essaient l’alcool qui permet, dans un premier temps, de favoriser l’endormissement. 

Cela est vrai même chez les plus jeunes puisqu’il a été observé que des troubles sévères du sommeil chez des très jeunes enfants favorisait les prises d’alcool excessives à l’adolescence. 

Il s’agit toutefois d’un mauvais calcul car rapidement, l’alcool aggrave tous les types de troubles de sommeil : difficultés d’endormissement, diminution du temps de sommeil, réveils nocturnes et diminution de l’efficacité du sommeil (c’est-à-dire son effet réparateur).

Pourtant, une majorité de personnes pensent que l’alcool favorise l’endormissement alors que lorsque cela est étudié dans des conditions expérimentales strictes, les résultats mesurés montrent l’inverse.

Avec trop d’alcool, le temps total de sommeil efficace est aussi diminué avec une altération de l’architecture du sommeil ; il y a moins de cycles du sommeil de bonne qualité, avec moins d’épisodes de sommeil paradoxal et moins de d’épisodes de rêve. 

Les troubles du sommeil provoquent aussi de nombreuses complications :

  • Une fatigue chronique
  • Une altération des performances intellectuelles : problèmes de mémoire et de concentration 
  • Une diminution de la motivation à faire des choses et de l’envie d’entreprendre
  • D’éventuelles difficultés relationnelles avec souvent une forte irritabilité
  • Une augmentation des risques d’accidents ménager, d’accidents professionnels et de la voie publique
  • Un risque accru de souffrir de dépression

Enfin, les troubles du sommeil ont un retentissement sur notre corps et nos organes et cela se traduit par des risques accrus de certaines maladies (par exemple l’hypertension artérielle et l’obésité) et une diminution de l’espérance de vie de quelques années en cas de troubles prolongés.

Une fois que ces points négatifs sont posés, il faut préciser que ces troubles sont réversibles, en totalité ou partiellement avec une diminution de consommation d’alcool et en s’aidant des conseils d’hygiène du sommeil proposés par les sociétés savantes (voir alcool et sommeil – épisode 3).  

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STRESS ET CONSOMMATION D’ALCOOL CHEZ LA FEMME

Femmes et Alcool – épisode 2

Les 10 années qui viennent de s’écouler, la fréquence des problèmes d’alcool augmente plus vite chez les femmes que chez les hommes : précisément 2,5 fois plus vite. À l’échelle d’une population, il s’agit de chiffres très importants. Cette différence ne peut donc pas être due simplement au hasard et il est donc fondamental d’en comprendre les raisons. 

Une des causes majeures suspectée est que les consommations féminines excessives sont volontiers motivées par le besoin de réguler des états émotionnels négatifs et des antécédents d’évènements de vie perturbants et traumatiques. 

Il est en effet bien démontré que les états émotionnels négatifs sont associés à toutes les phases de l’addiction à l’alcool, c’est-à-dire :

À l’initiation de la consommation

À la poursuite de la consommation 

Aux éventuelles rechutes 

Cela est vrai pour les hommes et les femmes, mais l’impact des états émotionnels négatifs est beaucoup plus important chez les femmes. Entre parenthèses, il existe d’autres domaines de la maladie alcoolique dans lesquels on observe une grande susceptibilité féminine, ce qui sera l’objet de prochains textes. 

L’ÉTAT ÉMOTIONNEL DANS L’ADOLESCENCE ET L’INITIATION DE LA CONSOMMATION

Ce qui nous arrive dans l’enfance ou l’adolescence nous marque particulièrement. Pendant ces périodes, ceux qui ressentent de façon prolongée des émotions négatives ont plus de risque de commencer l’alcool précocement et surtout d’aller vers des consommations plus fréquentes et importantes. Par exemple, il a été montré que chez des adolescents âgés de 15 à 18 ans, l’importance des symptômes de dépression était associée à des débuts de consommation plus précoce et des risques accrus d’évoluer vers la dépendance. 

Cela est vrai chez les garçons et les filles, mais l’association entre des difficultés émotionnelles et la prise d’alcool est plus forte chez les filles. Donc, le risque de boire de l’alcool pour faire face à un état émotionnel négatif est plus important chez les filles.

De même, la maltraitance dans l’enfance est un facteur bien documenté de risque de plusieurs pathologies à l’âge adulte incluant le mésusage d’alcool. Là encore, les jeunes femmes ont au moins 2 fois plus de risque de développer un mésusage d’alcool que les hommes de leur âge après avoir subi dans l’enfance un abandon affectif, une maltraitance psychologique ou un abus sexuel. 

Donc, il y a plus d’impact et plus de risque d’aller vers l’alcool pour se défendre d’états émotionnels négatifs chez les femmes que chez les hommes. Cela n’est pas lié à une moindre compétence ou force morale chez les femmes, mais à des différences neurobiologiques présentes dans l’adolescence, différences qui commencent à être bien documentée. Il n’est bien sûr, pas utile de préciser que les circuits neurobiologiques qui différent ne représentent pas le quotient intellectuel. 

LA MORPHOLOGIE CEREBRALE DANS L’ADOLESCENCE

Pendant l’adolescence, le cerveau se développe tant d’un point de vue anatomique que fonctionnel. Cette maturation dure longtemps et ne s’achève que vers l’âge de 25 ans. Durant cette période, un stress prolongé et intense va se traduire par des modifications de fonctionnement, mais aussi va altérer le développement de certaines zones qui sont encore en pleine maturation. Ces problèmes de développement vont concerner plusieurs zones du cerveau qui sont justement impliquées dans la réponse à l’alcool*. 

Comme ces zones vont moins bien fonctionner, l’alcool aura moins d’effet anti-stress ce qui va se traduire par le besoin de consommations plus importantes pour avoir un même effet. 

Or, à l’adolescence, les cerveaux des filles et des garçons ont certaines différences fonctionnelles qui semblent expliquer la susceptibilité accrue des jeunes filles à l’alcool pour combattre les états émotionnels négatifs. 

LE CERVEAU À L’ÂGE ADULTE

Des différences entre les cerveaux féminins et masculins persistent à l’âge adulte avec donc toujours plus de susceptibilité à consommer de l’alcool chez les femmes pour combattre le stress. En effet, il existe des interactions entre les réseaux neurologiques du stress et ceux qui conditionnent la réponse à l’alcool. De plus, il existe des changements liés au stress dans les circuits de la récompense qui sont excités par les prises d’alcool. 

Cela se traduit par plus de réponse alcool au stress chez les femmes avec :

  • Un début de troubles de l’usage plus précoce 
  • Plus de « craving » (c’est-à-dire des envies violentes et irrépressibles d’alcool)
  • Plus de « binge drinking » (consommations excessives en un temps court)
  • Plus d’usage problématique et de dépendance à l’alcool 
  • Plus de risque de rechute chez les femmes qui essaient de diminuer leur consommation

Il n’est pas étonnant qu’il y ait plus souvent chez les femmes consommatrices (par rapport) aux hommes) des co-morbidités psychiatriques : plus de dépression, plus de troubles anxieux, plus de stress post-traumatique.

En effet, les femmes ont des raisons « neurologiques » de répondre plus fréquemment que les hommes aux états émotionnels négatifs par une consommation d’alcool. 

Mais il existe au moins une autre cause de vulnérabilité : une spécificité hormonale.

LES HORMONES SEXUELLES FAVORISENT LE LIEN ENTRE STRESS ET ALCOOLISATION

Une différence physiologique importante entre les femmes et les hommes est la différence de production hormonale. Or, les deux principales hormones ovariennes modifient la réponse au stress. 

Tout d’abord, la progestérone pourrait contribuer à l’effet anxiolytique de l’alcool chez les femmes, ce qui évidemment est un facteur favorisant la consommation en cas de stress ou syndrome anxieux. 

D’autre part, les estrogènes pourraient interagir dans les circuits neurologiques responsables de la motivation pour la récompense, ce qui n’est pas le cas chez l’homme. Les estrogènes favorisent donc les prises d’alcool, et il est démontré que les femmes qui ont des taux élevés d’estrogènes consomment plus d’alcool que celles qui ont des taux plus bas. On sait aussi que la consommation d’alcool peut varier en fonction du moment du cycle menstruel.

Ainsi, les hormones ovariennes peuvent favoriser la consommation d’alcool, en particulier lorsqu’il existe des antécédents de stress et de difficulté de régulation des émotions.

EN RÉSUMÉ :

Que faut-il retenir de ces données ?

Les états émotionnels négatifs de même que les antécédents de stress sévères favorisent la consommation d’alcool de façon plus importante chez les femmes que chez les hommes. 

Cela semble lié à des différences neurologiques tant dans la jeunesse qu’âge adulte. Il semble aussi que les hormones ovariennes jouent un rôle important dans cette susceptibilité féminine. 

Il vous faut donc être très vigilante si vous souffrez de dépression, de troubles anxieux ou de stress actuellement ou si vous en avez souffert dans vos antécédents, même lointain. Il faut vous occuper de vous et ne pas hésiter à consulter au moindre doute afin de développer et renforcer des stratégies d’adaptation et de régulation des émotions.

Soigner votre humeur diminue les risques de consommation excessive d’alcool. Et bien sûr, il faut éviter d’avoir une consommation excessive d’alcool qui est pour sa part responsable de troubles de l’humeur et donc entretien un cercle vicieux.

*Pour information, les zones dont nous parlons sont principalement le corps calleux, le cortex cingulaire antérieur, l’amygdale, l’hippocampe

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FEMMES, À ÉGALITÉ FACE À L’ALCOOL ?

Femme et alcool – épisode 1

On entend régulièrement dire que les femmes sont plus sensibles à l’alcool que les hommes. Ce qui voudrait dire qu’à quantité égale bue, il y aurait plus de toxicité pour une femme, ce qui semble paradoxal alors même que certaines normes de consommation sont identiques pour les 2 sexes (voir normes de Santé Publique France dans la page d’entrée).  

Est-ce une forme de stigmatisation de l’alcoolisme féminin lié à des représentations sociales d’un autre temps ou cela correspond-il à une réalité scientifique incontestable ? Il existe des éléments de réponses qui nous permettent de nous faire une idée plus claire sur l’existence ou non d’une différence de vulnérabilité féminine.

Il s’agit d’une question d’autant plus d’actualité que la différence de consommation entre les deux sexes tend à diminuer. Une différence nette de consommation n’existe que dans certains pays dans lesquels l’accès aux drogues (même légales) est plus difficile pour les femmes que pour les hommes. De plus l’écart femme homme a quasiment disparu chez les adolescents.

Pourtant, l’entrée dans le soin alcoologique reste plus compliqué chez les femmes avec souvent la peur d’être stigmatisée comme femme et/ou comme mère. C’est pourquoi, il est indispensable d’apporter des informations objectives pour permettre aux femmes consommatrices d’être renseignées au mieux et d’avancer.

FEMMES ET METABOLISME 

Tout d’abord, il est bien démontré que l’alcool circulant dans le sang dépend du poids corporel. Or, les poids moyen des femmes étant en moyenne plus bas, pour une consommation équivalente, les pics d’alcoolémies seront plus élevés chez les femmes avec comme conséquence une quantité d’alcool plus importante qui diffusera dans différents tissus. 

D’autre part, à poids corporel équivalent, une femme et un homme n’auront pas la même répartition d’eau (un peu moins) et de graisse (un peu plus) dans le corps. Cela signifie qu’à même dose d’alcool par unité de poids, les pics d’alcoolémies seront plus importants chez une femme que chez un homme.  

Troisième point métabolique à aborder. Il existe dans l’estomac des enzymes qui métabolisent l’alcool, ce qui permet de réduire la quantité absorbée. La concentration en enzyme est moins importante que dans le foie, mais joue néanmoins un rôle non négligeable. Or, ce premier métabolisme gastrique est plus efficace chez les hommes car ils ont plus de concentration d’enzymes. En d’autres termes, cela concourt aussi à provoquer des intoxications plus sévères chez les femmes à quantités consommées équivalentes. Enfin, pour clore ce chapitre, chez les femmes qui consomment de l’alcool de façon chronique, ce premier métabolisme est encore plus altéré et ne joue plus qu’un rôle minime dans l’épuration de l’alcool. 

FEMMES ET SYSTÈME DE RÉCOMPENSE

L’alcool, comme le tabac ou d’autres drogues, de même que certains comportements addictifs (tels que le jeu pathologique) agit sur notre circuit de la récompense et du plaisir. La stimulation de ce circuit est produite par la dopamine qui est, du coup, souvent qualifiée « d’hormone du plaisir ». Or, il existe de plus en plus de données qui suggèrent que l’action de la dopamine est modulée par des hormones ovariennes, notamment les estrogènes.

C’est une explication possible permettant de comprendre pourquoi les femmes ont tendance à progresser plus vite du début de la consommation jusqu’aux consommations excessives d’alcool et vers des problèmes liés à ces substances.

De même cela pourrait expliquer pourquoi certaines femmes ont des taux de rechutes très importants après avoir fait une démarche alcool. 

CONCLUSION

Pour conclure, il y a donc plusieurs arguments pour affirmer de façon claire qu’il existe une susceptibilité supérieure à l’alcool chez les femmes par comparaison aux hommes. On sait de plus qu’il existe pour nous plus de barrières spécifiques d’entrée dans le soin ; perception d’une stigmatisation plus importante, responsabilités de mère, faible support familial dans bien des cas. Tournons cette information à notre avantage et suivons l’adage suivant : 

PLUS À RISQUE DOIT SE TRADUIRE PAR PLUS DE VIGILANCE

Enfin, certaines des réponses données dans ce texte ne sont pas seulement vraie pour l’alcool, mais aussi pour d’autres produits psycho-actifs (tels que la cocaïne) : ce sera le sujet d’autres textes. Je reviendrai aussi sur d’autres spécificités concernant l’alcool et les femmes qu’il faut connaître pour gérer au mieux sa consommation.

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Pourquoi est-ce important de parler de la diminution de consommation d’alcool ?

Tout d’abord, parce que nos habitudes culturelles font que la consommation moyenne d’alcool est élevée en France. L’alcool fait partie de la fête, le bon vin de notre histoire. Cela nous amène parfois à banaliser des consommations excessives, surtout chez les consommateurs qui « tiennent » bien l’alcool. 

Car les consommations excessives, qu’elles soient quotidiennes ou irrégulières, peuvent se traduire par de nombreuses complications sociales (par exemple des accidents domestiques ou de la voie publique, des problèmes de couples ou professionnels).

Parce que la consommation excessive favorise aussi la survenue ou l’aggravation de plus de 60 maladies ; notamment des maladies du foie, digestives, cardio-vasculaires, neuro-vasculaires, et de nombreux cancers. Il est important de préciser que ces complications organiques (agression du foie, du pancréas, du cerveau ou d’autres organes) sont le plus souvent « dose-dépendantes ». Cela signifie que plus une consommation est importante et plus le risque d’atteinte d’un ou de plusieurs organes est augmenté. Ces complications peuvent survenir même si on n’a jamais été soûl, ce qui donne parfois une fausse réassurance.

Car l’alcool favorise la survenue et l’aggravation de maladies psychiatriques, en particulier l’anxiété et la dépression. 

Enfin, il est important d’en parler car l’excès d’alcool est une cause importante de mortalité et qu’il diminue l’espérance de vie de plusieurs années. 

Le risque de surmortalité est lui aussi dose-dépendant. 

Il faut donc retenir qu’une consommation excessive d’alcool est un facteur de risque majeur de détérioration de l’état de santé et d’une diminution de la qualité de vie. La diminution de consommation va bien sûr se traduire par des résultats inverses, c’est à dire que plus la consommation va baisser et plus les risques de complications vont diminuer. De plus, la diminution de risque sera d’autant plus significative que vous partez d’une consommation élevée. 

Qui peut être concerné par cet objectif de diminution de consommation ?

Si vous vous posez des questions concernant votre consommation, ce n’est pas un hasard, mais c’est probablement parce que votre consommation commence à être problématique ou que vous souhaitez prendre soin de votre santé ou celle d’un proche. La réduction de consommation concerne tous ceux qui boivent trop et qui ne souhaitent pas, dans un premier temps au moins, stopper totalement leur consommation. 

Jusqu’où faut-il diminuer sa consommation ? Question simple, mais réponse complexe. En effet, il est actuellement difficile de tirer des conclusions claires et incontestables à partir des différentes normes de consommation qui sont publiées dans le monde. En particulier, il n’est pas possible actuellement de se prononcer de façon formelle sur les doses qui sont sans « aucun risque » pour la santé. Depuis des années, la Société Française d’Alcoologie (SFA) recommande de ne pas dépasser une consommation moyenne de 3 verres / jour chez l’homme et de 2 verres / jour chez la femme. Des limites un plus basses ont été récemment proposées : par exemple, pas plus de 2 verres par jour (pour les hommes et les femmes), 5 jours par semaine, selon Santé Publique France

Ces limites représentent les seuils de faible toxicité de l’alcool, c’est à dire des doses dont la consommation ne donne pas de risque de surmortalité. 

Des bénéfices sont perçus dès la diminution de quelques verres par jour. Les premières baisses de consommation permettent déjà des résultats positifs et servent d’encouragement à maintenir ses efforts. D’ailleurs, il est important de préciser que la diminution des premiers verres est celle qui amène le plus de bénéfice en termes de diminution des risques pour la santé (les plus fortes consommations étant de plus en plus toxiques) : diminution des risques d’atteinte neurologique, de maladies vasculaires, de cancers. 

Ces premiers efforts permettent une diminution de la fatigue chronique qui est si souvent associée à une consommation excessive. On a meilleure mine quand on se regarde dans le miroir, et on donne l’impression d’être plus jeune. Bien sûr, quelques verres en moins par jour et l’espérance de vie augmente. 

A quelle vitesse faut-il avancer ? 

L’idéal est d’atteindre progressivement les normes de consommation déjà citées. Il est conseiller de ne pas réduire trop vite sa consommation, car cela peut entrainer des signes d’inconfort, voire de manque. De plus, une décroissance trop rapide sera plus difficile à réaliser et risque de vous décourager. Les objectifs que l’on se fixe doivent être réalistes pour être atteints : modifier sa consommation doit ressembler à un marathon, pas à un sprint.

Les bénéfices sont-ils rapides ou lents à obtenir ? 

Bien sûr, pour obtenir certains bénéfices (par exemple risque de cancer alcoolo-induit), il faut une diminution très importante et qui dure dans le temps. Toutefois, diminuer de quelques verres chaque jour permet d’observer des améliorations nettes dès les premières semaines. C’est un facteur d’encouragement important qui aide à renforcer sa motivation à avancer.

Est-ce possible ? 

Oui beaucoup de personne parviennent à diminuer leur consommation. Lorsque l’on ne parvient pas à réduire sa consommation malgré un engagement sincère, cela peut traduire l’existence d’une dépendance sévère à l’alcool qui va plutôt justifier un arrêt total de consommation ou un accompagnement spécialisé. Toutefois, cette tentative de diminution ne doit pas être considérée comme un échec, mais comme une première étape, souvent incontournable, qui va secondairement mener vers le succès. C’est pourquoi, pour certains, la réduction de consommation peut correspondre à une étape intermédiaire permettant d’aller secondairement à l’arrêt total de l’alcool, objectif plus réaliste en cas d’addiction sévère. 

Comment procéder ? 

La diminution doit être lente et progressive afin d’éviter tout symptôme de manque. Par exemple, vous pouvez diminuer votre consommation d’un verre par jour pendant 4 à 5 jours, puis à nouveau baisser d’un verre par jour si cela se passe bien pendant la même durée, etc… Si votre consommation moyenne est importante et si cela ne provoque aucun signe de manque (tels que des sueurs ou des tremblements), vous pouvez baisser de 2 verres / jour (mais toujours en lissant cette baisse sur une période de quelques jours). Si vous souffrez de signes de manque, cela traduit une dépendance et impose donc un suivi médical. 

            En résumé : La consommation d’alcool est rapidement excessive, puisque dès 2 verres quotidien chez la femme et au-dessus de 2 à 3 chez l’homme, il existe un sur-risque de complications liées à l’alcool. Il est toujours rentable de moins boire quel que soit l’importance du trouble de l’usage. Les bénéfices surviennent rapidement, y compris pour des diminutions modestes. Il faut y aller progressivement en essayant d’atteindre les normes citées. Surtout, il ne faut pas se décourager, car ce type de démarche demande bien souvent plusieurs tentatives.

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Alcool, quelles sont les doses à risque ?

LES SEUILS DE CONSOMMATION À RISQUE :

Il n’est pas possible actuellement de se prononcer de façon formelle sur les doses qui sont sans « aucun risque » pour la santé.

Depuis des années, la Société Française d’Alcoologie (SFA) recommande de ne pas dépasser une consommation moyenne de 3 verres / jour chez l’homme et de 2 verres / jour chez la femme.

Des limites un plus basses ont été récemment proposées par Santé Publique France : ne pas consommer plus de deux verres standard par jour ; avoir des jours sans consommation dans une semaine ; ne pas consommer plus de dix verres standard par semaine

En résumé:

« Pour votre santé, l’alcool,
c’est maximum deux verres par jour et pas tous les jours. »

Ces limites représentent les seuils de faible toxicité de l’alcool, c’est à dire la consommation inférieure ou égale à ces quantités ne donne pas de risque de surmortalité. 

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La consommation d’alcool est-elle moins toxique lors des vacances d’été ?

L’été est une période pendant laquelle il y a plus d’occasions de faire la fête, et c’est tant mieux. Il fait plus chaud, les journées durent plus longtemps, et nous avons envie d’en profiter. De plus tout le monde boit autour de nous, et cela influence notre consommation (en l’augmentant) et notre perception des risques encourus (en les diminuant). Ce n’est donc pas étonnant que nous ayons tendance à baisser la garde pendant cette période. 

Pourtant, l’alcool n’est pas moins toxique parce que c’est l’été ou parce qu’il est consommé dans un contexte festif. Dans ce sens, l’été pourrait au contraire être une période à risque, en particulier pour les consommations irrégulières mais massives. Il existe de plus en plus d’études qui démontrent qu’une consommation irrégulière, mais massive, est un mode de consommation particulièrement toxique. Lorsque l’on a beaucoup bu d’un coup, cela a agressé le corps et le fait de « calmer le jeu » pendant quelques jours n’efface pas la toxicité de cet excès : on ne « nettoie pas » pas ce qui a été fait.

L’été est aussi une période où il y a plus de tentation de boire en dehors des repas, ce qui augmente l’absorption de l’alcool dans le corps et donc sa nocivité.

Il existe une autre façon d’imaginer la prise d’alcool pendant les vacances : c’est l’intérêt de contrôler sa consommation. Cela permet de mieux profiter de ses soirées entre amis, et de rester au mieux jusqu’au bout de la fête. Par ailleurs, c’est très agréable d’être en forme le lendemain, dès le réveil. On peut aussi considérer que l’été est la bonne saison pour avoir plus d’activité physique, pour améliorer son teint et sa santé. C’est un moment pendant lequel on veut se sentir plus jeune et plus en forme. Nous pourrions donc en profiter pour nous occuper de nous, notamment de nos habitudes de boisson et d’alimentation. Enfin, il n’est pas inutile de rappeler que l’alcool n’est pas une boisson efficace pour se désaltérer.

En résumé, cet été buvez beaucoup d’eau, peu d’alcool et faites des activités physiques.

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Pas de dépendance à l’alcool, pas de problème ?

On parle volontiers de dépendance, d’addiction, de consommation excessive ou à risque, voire de troubles de l’usage. Il est important de ne pas faire de confusion entre ces termes, car cela pourrait favoriser des comportements inadaptés, et cela de manière involontaire.

Dans ce texte, nous parlerons de la différence qui existe entre « être dépendant » et avoir une « consommation excessive ».

La dépendance correspond à des mécanismes neurobiologiques, c’est à dire à la réponse de plusieurs zones de notre cerveau à la prise d’alcool. Avoir une dépendance, c’est avoir des circuits cérébraux qui fonctionnent trop bien, qui sont trop réactifs à l’alcool. Ainsi, consommer fait persister, voire augmente les envies d’alcool au lieu de les éteindre. Cela se traduit par des symptômes spécifiques (il en faut au moins 3 pour parler de dépendance, selon les critères OMS).

On peut résumer les symptômes de dépendance de la façon suivante :

  1. Désir puissant pour l’alcool
  2. Difficultés pour contrôler sa consommation
  3. Syndrome de sevrage à la l’arrêt, parfois simplement à la diminution de la consommation (par exemple : irritation, nervosité, sueurs, tremblements)
  4. Besoin d’augmenter les doses pour obtenir l’effet désiré
  5. Abandon d’autres sources d’intérêt ou de plaisir au profit de l’alcool, et augmentation du temps passé à consommer ou à récupérer de sa consommation
  6. Poursuite de la consommation bien que celle-ci soit manifestement nocive (c’est à dire que le consommateur en ait conscience)

Donc, la dépendance correspond à une accroche puissante du produit, avec une incapacité ou des difficultés importantes de s’en séparer. Il s’agit d’un trouble grave, puisque l’individu devient prisonnier de sa consommation. 

Ce serait toutefois une erreur grossière de considérer que du coup, lorsqu’il n’y a pas de dépendance, il n’y a pas de gravité. En effet, la toxicité de l’alcool est dose-dépendante, et des personnes non dépendantes peuvent avoir plusieurs types de maladies graves liées à l’alcool. Par exemple, il a été montré dans une étude scientifique que la moitié des malades avec une cirrhose (du foie) grave ne répondaient pas à la définition de la dépendance.

Donc, la consommation d’alcool peut être toxique, même chez des personnes qui ne sont pas dépendantes ou qui ne sont jamais saoules. Le fait de n’être jamais saoul doit d’ailleurs être considéré comme un inconvénient, car cela signifie qu’il n’y a pas de sonnette d’alarme indiquant que nous avons trop bu. Du coup, « mieux on encaisse » et plus on est à risque de développer des complications liées à l’alcool.

Donc, la dépendance désigne un trouble du comportement dont il est utile de parler avec un soignant, mais elle ne préjuge pas de la quantité consommée. 

Il est indispensable de surveiller aussi les quantités consommées car ce sont elles qui impliquent les risques de complications sociales, physiques et psychologiques.